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Genese de la cuisine..

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que le gouverneur 162 . » Franquet, lors d’une expédition au <strong>la</strong>c <strong>de</strong>s Deux Montagnes<br />

en février 1753, raconte que « tout le mon<strong>de</strong> monte en carrioles » : « Il y en avait au<br />

moins 20 à 25 pour les maîtres, et une douzaine pour les domestiques <strong>de</strong> manière<br />

que c’était un train qui ne finissait pas. » Le trajet entre Québec et Montréal prenait<br />

entre <strong>de</strong>ux jours et <strong>de</strong>mi et cinq jours et comportait six escales où on avait eu<br />

soin <strong>de</strong> préparer d’avance l’arrivée. « Il désire, même en voyage, s’entourer du plus<br />

grand luxe et il a un train <strong>de</strong> voitures qui tient <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> Longue-Pointe jusqu’à <strong>la</strong><br />

ville », écrit Guy Frégault. Tout ce beau mon<strong>de</strong> vêtu <strong>de</strong>s bottes du pays, chaussons<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong>ine, bas-drapés, capots <strong>de</strong> castor, casques <strong>de</strong> peau <strong>de</strong> martre, abrillés <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>s capes <strong>de</strong> carrioles en peaux <strong>de</strong> cibo<strong>la</strong>s (bisons) doublées <strong>de</strong> bougran,<br />

bordées <strong>de</strong> queues <strong>de</strong> renards et <strong>de</strong> loups. Leurs pieds reposant <strong>de</strong> préférence au<br />

chaud sur <strong>de</strong>s chaufferettes portatives contenant <strong>de</strong>s briques chauffées à b<strong>la</strong>nc 163 .<br />

Bigot est escorté d’une trentaine <strong>de</strong> traîneaux dans lesquels prennent p<strong>la</strong>ce sa<br />

gouvernante, ses courtisans, son chef breton Jean Labbé, ses cuisiniers, vaisselle,<br />

argenterie, cuivres, ustensiles, épiceries, literies, draperies et miroirs.<br />

Dès l’arrivée, on s’occupe à : « s’arranger et se décrasser avant le souper ».<br />

Bigot et ses cuisiniers s’inspirent <strong>de</strong>s fastes <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> France pour composer<br />

leurs menus. Pour avoir une idée <strong>de</strong> ce qui était dans l’air du temps, voici un menu<br />

type pour un jour maigre servi à Louis XV au château <strong>de</strong> Choisy le 17 août 1757 :<br />

Premier service : 2 oilles, un au coulis <strong>de</strong> lentilles, l’autre à <strong>la</strong> paysanne. 2 potages ;<br />

un à <strong>la</strong> <strong>la</strong>itue, l’autre à <strong>la</strong> chiffonna<strong>de</strong>. 8 hors d’œuvres ; ga<strong>la</strong>ntine d’oseille, haricots<br />

à <strong>la</strong> bretonne, harengs à <strong>la</strong> moutar<strong>de</strong>, maquereaux à <strong>la</strong> maître d’hôtel, omelette<br />

aux croûtons, morue à <strong>la</strong> crème, harengs frais à <strong>la</strong> moutar<strong>de</strong> et petits pâtés.<br />

Deuxième service : 4 gran<strong>de</strong>s entrées ; brochet à <strong>la</strong> polonaise, hure <strong>de</strong> saumon au<br />

four, carpe au court bouillon, truite à <strong>la</strong> Chambord. 4 moyennes entrées ; sole aux<br />

fines herbes, truites grillées sauce hachée, perche à <strong>la</strong> hol<strong>la</strong>ndaise, perche au b<strong>la</strong>nc,<br />

lotte à l’alleman<strong>de</strong>, raie au beurre noir, saumon grillé. Troisième service : 8 p<strong>la</strong>ts <strong>de</strong><br />

rôts ; soles, filets <strong>de</strong> brochet frits, liman<strong>de</strong>s frites, lottes frites, truites, carrelets au<br />

b<strong>la</strong>nc, queues <strong>de</strong> saumon, soles, 4 sa<strong>la</strong><strong>de</strong>s. Quatrième service : 8 entremets chauds ;<br />

choux fleurs au parmesan, pain aux champignons, rotis aux anchois, ragoût mêlé,<br />

artichauts frits, haricots verts, choux-raves, épinards. 4 entremets froids ; buisson<br />

d’écrevisse, gâteau à <strong>la</strong> Bavière, poupelin, brioche.<br />

On peut supposer que les cuisiniers <strong>de</strong> Bigot préparaient <strong>de</strong>s menus semb<strong>la</strong>bles<br />

pour sa table. Bigot lui-même n’était pas un gros mangeur, mais était très exigeant<br />

sur <strong>la</strong> qualité. « Charlotte Varin, écrit Madame Bégon, gron<strong>de</strong> qu’il faut donner<br />

Le passé français<br />

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