25.06.2013 Views

Genese de la cuisine..

Genese de la cuisine..

Genese de la cuisine..

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

kill joy (en toutes matières) et l’on comprendra pourquoi le sommet <strong>de</strong> <strong>la</strong> gastronomie<br />

ang<strong>la</strong>ise se situe, aujourd’hui encore, à l’heure du petit déjeuner 66 . »<br />

Le romancier et dramaturge britannique Somerset Maugham écrit que <strong>la</strong> seule<br />

manière <strong>de</strong> bien manger en Angleterre est <strong>de</strong> prendre un petit déjeuner trois fois<br />

par jour. Et même là, rien n’est assuré ! La romancière et écrivaine américaine<br />

Marion Har<strong>la</strong>nd, à <strong>la</strong> fin du xix e siècle, propose pour le petit déjeuner <strong>de</strong>s reliefs<br />

<strong>de</strong> poissons, <strong>de</strong>s œufs dans <strong>de</strong>s traitements fort négligés, <strong>de</strong>s abats, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ts au<br />

curry, <strong>de</strong> <strong>la</strong> tortue, <strong>de</strong>s croquettes, <strong>de</strong>s fricassées, <strong>de</strong> <strong>la</strong> cervelle et <strong>de</strong>s oignons… le<br />

matin 67 ! Encore en 1970 à l’Hôtel C<strong>la</strong>rendon d’Ottawa, on ajoutait <strong>de</strong>s pruneaux<br />

dans le sirop pour faire passer tout ce qui précè<strong>de</strong>.<br />

Les Ang<strong>la</strong>is ne cachent pas leur manque total d’intérêt pour <strong>la</strong> chose culinaire.<br />

Sir Robert Dallington (1561-1637), auteur, voyageur et « Pionnier du goût » ang<strong>la</strong>is<br />

<strong>de</strong> l’époque jacobine est concis : « Dans les banquets, les Français nous surpassent<br />

<strong>de</strong> beaucoup. » Benjamin Franklin confesse à son tour : « Notre dîner ang<strong>la</strong>is composé<br />

d’une pièce <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> et d’un pudding est une bien pauvre chose ; le même<br />

mets préparé en France donne par <strong>la</strong> magie du cuisinier au moins quatre p<strong>la</strong>ts<br />

différents qui rehaussent merveilleusement <strong>la</strong> table <strong>la</strong> plus humble. »<br />

Grimod <strong>de</strong> <strong>la</strong> Reynière juge ainsi le goût ang<strong>la</strong>is : « L’Angleterre n’a jamais<br />

été fameuse pour ses ragoûts et ce n’est guère pour manger <strong>de</strong>s vian<strong>de</strong>s grillées<br />

ou rôties qu’un gourmand se hasar<strong>de</strong> à traverser le Pas-<strong>de</strong>-Ca<strong>la</strong>is… La <strong>cuisine</strong><br />

ang<strong>la</strong>ise se borne à <strong>de</strong>s poulets bouillis, chose fort insipi<strong>de</strong>, et à ce qu’ils appellent<br />

du Plump Pudding, composition dont <strong>la</strong> mie <strong>de</strong> pain est <strong>la</strong> base, et les raisins<br />

<strong>de</strong> Corinthe l’excipient ordinaire, mais qu’ils varient d’un grand nombre <strong>de</strong><br />

manières, en y faisant entrer une foule d’ingrédients, qui en font un mé<strong>la</strong>nge<br />

indigeste et bizarre plutôt qu’une préparation savante et salubre. »<br />

Haute estime<br />

Très souvent, les auteurs français <strong>de</strong> livres <strong>de</strong> <strong>cuisine</strong> vantent les talents culinaires<br />

<strong>de</strong> leurs protecteurs. « Les grands seigneurs s’intéressaient fort aux choses <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

table. Et les maîtres queux, pour les remercier <strong>de</strong> l’intérêt qu’ils portaient à <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong>,<br />

ne manquèrent pas à cette époque, <strong>de</strong> donner leur nom aux p<strong>la</strong>ts nouveaux<br />

qu’ils combinaient 68 . » Bril<strong>la</strong>t-Savarin ajoute : « Sur <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> ce règne (Louis XVI)<br />

le nom <strong>de</strong>s cuisiniers les plus fameux était presque toujours annexé à celui <strong>de</strong> leur<br />

patron : ces <strong>de</strong>rniers en tiraient vanité. Ces <strong>de</strong>ux mérites s’unissaient : et les noms<br />

138 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!