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Genese de la cuisine..

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et à l’Asie. On vient <strong>de</strong>s quatre coins du mon<strong>de</strong> pour voir Versailles. Les Turcs,<br />

les Perses, les Siamois, le doge <strong>de</strong> Gênes, le Tsar <strong>de</strong> Russie sont <strong>de</strong> ceux-là. Son<br />

importance sur le p<strong>la</strong>n politique et diplomatique est sans égal. Saint-Simon écrit :<br />

« Maxime par politique, et l’inspira à toute sa cour. » Désormais, l’importance <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> gastronomie comme outil politique ne se démentira plus.<br />

« La table hisse haut le pavillon <strong>de</strong> <strong>la</strong> France », proc<strong>la</strong>mera-t-on plus tard. Le<br />

puissant Talleyrand signifiera aux ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> France <strong>de</strong> compter dorénavant<br />

davantage sur leurs casseroles que sur leurs secrétaires dans l’organisation <strong>de</strong><br />

leur travail afin <strong>de</strong> circonvenir les aspirations politiques <strong>de</strong>s diplomates étrangers.<br />

C’est dans ce contexte que prend naissance <strong>la</strong> rumeur qui voudrait qu’Antonin<br />

Carême fut un espion. Il a, en effet, œuvré dans plusieurs ambassa<strong>de</strong>s européennes<br />

sous les ordres <strong>de</strong> Talleyrand. À Vienne, en 1814, au pa<strong>la</strong>is Kaunitz où<br />

<strong>de</strong>vait se déci<strong>de</strong>r le sort <strong>de</strong> l’Europe, Talleyrand surveil<strong>la</strong>it du coin <strong>de</strong> l’œil les<br />

congressistes s’amuser. « Toute réception était truffée <strong>de</strong> police. Les Archives <strong>de</strong><br />

Vienne regorgent <strong>de</strong> rapports, <strong>de</strong> dé<strong>la</strong>tions, signés <strong>de</strong> noms tout à fait surprenants.<br />

Tout le mon<strong>de</strong> était espion aussi bien qu’espionné. Les <strong>la</strong>mbris étaient creux, les<br />

lits avaient <strong>de</strong>s oreilles, les cochers étaient officiers <strong>de</strong> police, et les duchesses, soubrettes<br />

<strong>de</strong> l’espionnage 119 . » Tous les matins, Talleyrand et Carême se concertaient<br />

dans les <strong>cuisine</strong>s, puis Talleyrand distribuait ses ordres à tout le personnel. Le<br />

soir, au dîner, à <strong>la</strong> fois impressionnés et distraits par les prouesses spectacu<strong>la</strong>ires<br />

et gastronomiques <strong>de</strong> Carême, les <strong>la</strong>ngues se déliaient et le len<strong>de</strong>main matin,<br />

Talleyrand savait tout 120 .<br />

Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, premier ministre du Québec en 1851, était<br />

homme <strong>de</strong> lettres. Dans Charles Guérin roman <strong>de</strong> mœurs, il décrit une fête remarquable<br />

qui a eu lieu dans les environs <strong>de</strong> Rimouski où l’influence <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong><br />

Versailles est manifeste : « Elles avaient disposé avec art dans tous les appartements<br />

<strong>de</strong>s guir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s <strong>de</strong> feuilles d’érable entremêlées <strong>de</strong> fleurs. On avait abattu plusieurs<br />

cloisons, ce qui avait fait une salle <strong>de</strong> danse très vaste, tapissée d’un bout à l’autre<br />

<strong>de</strong> branches <strong>de</strong> sapin et d’érable. Des convolvulus, <strong>de</strong>s clématites et d’autres p<strong>la</strong>ntes<br />

grimpantes étaient artistement mêlées à <strong>la</strong> verdure : leurs fleurs b<strong>la</strong>nches, rouges,<br />

bleues, ou jaunes formaient tout autour une véritable charmille. De grands vases<br />

d’albâtre contenant <strong>de</strong>s bougies <strong>de</strong> diverses couleurs répandaient une lumière<br />

fantastique dans les vestibules et les boudoirs : tandis que plusieurs lustres jetaient<br />

dans <strong>la</strong> salle du bal une éblouissante c<strong>la</strong>rté, d’autres vases pleins <strong>de</strong> fleurs odoriférantes<br />

mariaient leurs suaves senteurs aux exha<strong>la</strong>isons aromatiques <strong>de</strong>s sapins et<br />

80 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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