25.06.2013 Views

Genese de la cuisine..

Genese de la cuisine..

Genese de la cuisine..

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Nous avons perdu le vrai vocable <strong>de</strong> ce que nos grands-mères et ancêtres<br />

confectionnaient <strong>de</strong>puis si longtemps : « <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> tourtière cérémonielle » ou<br />

six-pâtes, ou encore le pâté royal. Le nom le plus près <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition originale<br />

que j’ai pu retracer dans nos ouvrages culinaires est « ancien pâté canadien » <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Congrégation <strong>de</strong> Notre-Dame, consigné dans La <strong>cuisine</strong> raisonnée <strong>de</strong> 1926 à <strong>la</strong><br />

page 232, aussi présent dans l’édition <strong>de</strong> 1967 à <strong>la</strong> page 225. Germaine Gloutnez,<br />

cuisinière et directrice <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong>s sciences ménagères affiliée à l’Université <strong>de</strong><br />

Montréal, le nomme « pâté <strong>de</strong> Noël <strong>de</strong>s anciens ». Le pâté au gibier ou au mouton<br />

<strong>de</strong> M me Charles Gagné est un authentique ancien pâté sans pommes <strong>de</strong> terre. Nous<br />

pouvons le comparer aux tartes <strong>de</strong> paroisse du xvii e siècle : « Les Pâtissiers appellent<br />

aussi tartes <strong>de</strong> Parroisse, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s tartes qu’ils font pour une assemblée où<br />

il y a plusieurs gens conviés », écrit Antoine Furetière 44 . Un mets qui trouve ses<br />

racines très loin dans notre héritage culturel. « Les pâtés remontent au haut Moyen<br />

Âge et, s’ils ont reçu <strong>de</strong>puis les perfectionnements <strong>de</strong> détail, ils sont <strong>de</strong>meurés en<br />

substance ce qu’ils étaient voici pas moins <strong>de</strong> mille ans », confirme le Dictionnaire<br />

<strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s gastronomes <strong>de</strong> France.<br />

Dans le livre sur <strong>la</strong> Côte-du-Sud <strong>de</strong> madame Gagné, on trouve une recette <strong>de</strong><br />

pâté au gibier ou au mouton datant <strong>de</strong> 1892 qui nous vient <strong>de</strong> M me Aurèle Pelletier<br />

Caron <strong>de</strong> Sainte Louise à L’Islet : un véritable six-pâtes ! Elle nous dit d’y mettre,<br />

entre autres choses, un lièvre ou 50 oiseaux et le cuit à l’antique. Sa recette <strong>de</strong><br />

fèves au <strong>la</strong>rd ne comporte pas <strong>de</strong> mé<strong>la</strong>sse. Sa tourtière est faite <strong>de</strong> pur porc. M me<br />

Pelletier, comme vous êtes belle !<br />

Thérèse Gendron-Amiot en propose un vrai elle aussi, qu’elle nomme « ancien<br />

pâté canadien » : din<strong>de</strong>, poulet, perdrix ou canard, <strong>la</strong>rd, vian<strong>de</strong> hachée, filet <strong>de</strong><br />

porc, jambon, fines herbes, oignons 45 . Après avoir donné <strong>la</strong> recette, elle note :<br />

« Comme c’est <strong>la</strong> saison <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse, les ingrédients <strong>de</strong> cette recette peuvent être<br />

changés par <strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bois, perdrix, lièvre, chevreuil, orignal, en alternant. »<br />

Et c’est ici qu’elle tente elle aussi <strong>de</strong> justifier son nom : « On superpose <strong>de</strong>s rangs <strong>de</strong><br />

pâtes entre les rangs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, d’où le nom “six-pâtes”. » Elle poursuit : « On peut<br />

aussi y ajouter <strong>de</strong>s carottes, du céleri, <strong>de</strong>s oignons au goût. Cette recette m’a été<br />

transmise par È<strong>de</strong>s Verrault Amiot, ma belle-fille, qui l’avait obtenue <strong>de</strong> sa grandmère<br />

native <strong>de</strong> Mont-Joli, Québec. » Sans doute parce qu’elles avaient, comme on<br />

voit dans les livres <strong>de</strong> cette époque, l’habitu<strong>de</strong> d’inclure <strong>de</strong>s légumes dans leurs<br />

pâtés comme le suggère effectivement M me Gendron-Amiot, les pâtes ont remp<strong>la</strong>cé<br />

les légumes après 1760, par pollution. Dans Saintes artisanes, Marius Barbeau<br />

Oiseaux, vo<strong>la</strong>illes et vian<strong>de</strong>s<br />

441

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!