RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE ORAISON. 527
suyt : Comment invoqueront-ilz celuy, auquel ilz • n'auront point Rom. 40.
creu ? Car par cela il conclud, que Dieu ne peut estre droictement
invoqué ; sinon de ceux ausquelz sa bonté et clémence
aura esté declairée par la predication de l'Evangille.
5 Or quand nous conjoingnons une telle asseurance de Foy avec
la recongnoissance de nostre misère et povreté, de noz macules et
péchez : nous déclarons suffisamment que en nous recongnôissant
povres et indignes, nous ne devons point avoir moindre espoir,
si nous nous sentons grevez et chargez de péchez : Si nous nous
io voyons estre imparfaictz et vuides de toutes choses qui nous
puissent rendre aggreables à Dieu : ce ne-nous döibt pourtant
faire terreur ne crainte dé nous retirer à luy ; puis que mesmes il
nous est nécessaire, en nous addressant à luy, que nous nous
recongnoissions telz. Car oraison n'est pas faicte pour nous exalta
ter devant Dieu, ne pour priser ce qui est en nous: mais pour
confesser nostre misère, et faire nostre complaincteà Dieu de tout
ce qui nous grieve : comme un enfant feroit à son père. Ains aucontraire
ce sentiment nous doibt plustost estre un esperon et
aiguillon qui nous incite à oraison. Comme nous sommes adver-
20 tiz par l'exemple du Prophète, qui prie à Dieu qu'il guérisse son
ame, pource qu'il a péché contre luy. psai, n.
Oultre [ce]st aiguillon, duquel la conscience dé nostre misère
nous poind assiduellement : nostre tresbon Père nous a adj ouste
encores deux choses : lesquelles principalement nous doivent
25 esmouvoir et inciter à oraison. L'une est le commandement
qu'il nous fait« de prier. L'autre est la promesse, qu'il nous a
faicte, que nous obtiendrons tout ce que nous prierons. Le
commandement nous* est faict et répété souventesfois quand
il dit, Demandez. Venez à moy. Cerchez moy. Retournez-vous Luc 4 4.
30 à moy. Invoquez moy au jour de vostre nécessité et en plusieurs Jean 46.
autres lieux. Et mesmement au troisiesme précepte de la Malt. 7.
Loy : où il nous est deffendu de prendre le Nom de Dieu en et '
vain. Car d'autant qu'il nous est .deffendu de prendre en vain : Zacha. 4.
pareillement il nous est commandé de le prendre à sa gloire, Psal. SO.
35 en luy donnant tout honneur de vertu, de bien d'ayde, et de
confort, par les demander et attendre de luy. Pourtant si en
toutes noz nécessitez nous ne nous retirons vers luy, ne le
requérons et invoquons son ayde : nous transgressons aussi
bien son commandement et ne provoquons pas moins