RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DK LA PUISSANCE ECCLESIASTIQUE. 731
Cené du Seigneur, la faceon d'excommunier : et autres choses
semblables. Il ne peut chaloir quelz sont les jours et les heures:
quel est le bastiment de l'édifice : lesquelz pseaumes on chante
en un jour ou en l'autre. Mais il convient neantmoins que les
s jours et les heures soient certaines, et le lieu capable, pour recevoir
tout le monde, si on ha esgard à entretenir paix et concorde.
Car quelles noyses engendreroit la confusion de ces choses ; s'il
estoit loysible à chascun ; de changer à son plaisir les choses qui
appartiennent à l'ordre publique ; veu que jamais n'adviendroit
10 qu'une mesme sentence pleust à tous ; si les choses estoient
laissées incertaines au vouloir d'un chascun?
Il fault donc, avec bonne diligence, prendre garde que quelque
erreur ne survienne, qui obscurcisse ou pollue la pure intégrité de
cest usage. Ce qui se pourra faire, si toutes les ceremonies, des-
15 quelles on usera, emportent quelque utilité manifeste : si on n'en
receoit guaires : et principalement, si le Pasteur veille à fermer la
voyepar bonne doctrine, à toutes faulces opinions. Or ceste congnoissance
fera, que chascun de nous aura sa liberté entière en
toutes ces choses. Et neantmoins que chascun voluntairement
so imposera quelque nécessité à sa liberté : d'autant que l'honnesteté,
de laquelle nous avons parlé, ou la charité le requierra. D'avantage
elle sera cause que nous observerons les dictes choses sans quelque
superstition : et ne contraindrons les autres trop rigoureusement,
à les observer. Que nous n'estimions point le service de
25 Dieu mieux valoir pour la multitude des ceremonies : qu'une Eglise
ne contemnera point l'autre, pour la diversité de l'extérieure
forme de faire : finalement que en ne nous y establissant point
une loy perpétuelle, nous rapporterons à l'édification de l'Eglise
toute la fin et usages des ceremonies, selon l'exigence de laquel-
30 le edification nous soyons prestz d'endurer, non seulement
que quelque cérémonie soit changée, mais que toutes celles
que aurions eues au paravant soient ostées et abolies. Car le
temps present nous donne experience certaine, que selon l'opportunité
du temps, il est tresbon de mettre bas aucunes obser-
35vations, lesquelles de soy, n'estoient ne deshonestes, ne mauvaises.
Car il y a eu au temps passé tel aveuglement et ignorance
; que les Eglises se sont arrestees aux ceremonies, avec
une opinion si corrumpue, et un zèle si obstiné, que à grand
peine on les pourroit bien purger des horribles superstitions,