RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE LA PUISSANCE ECCLESIASTIQUE. 727
des hommes ?
Quant à la puissance de constituer Loix : puis qu'elle a esté
incongneuë aux Apostres, et tant de fois par la parolle de Dieu
deffendue aux ministres ecclésiastiques : je m'esbays comment ilz
5 se l'osent attribuer, oultre l'exemple des Apostres, et contre la deffense
de Dieu toute claire. Car ce que ditSainct Jaques n'est pas
obscur. Qui juge son frère, il juge la Loy. Qui juge la loy, il Jaqu. A.
n'est point observateur de la Löy : mais en est juge. Or il y a un
seul Législateur, qui peut saulver et perdre. Ceste sentence mes-
10 me estoit dicte paravant en Iesaie. Le Seigneur est nostre Roy, lésa. 33.
le Seigneur est nostre Législateur, le Seigneur est nostre Juge :
{1 nous sauvera. Nous oyons que Sainct Jaques prononce, celuy
qui ha quelque puissance sur l'ame, estre Seigneur de vie et de
mort, de salut et de damnation. Or comme ainsi soit que nul des
is hommes ne se puisse attribuer telle dignité : il nous fault donc
recongnoistre un seul Dieu pour Roy de noz âmes : lequel seul
ha la puissance de sauver et damner : ou, comme chantent les
parolles de Iesaie, il le fault seul recongnoistre pour Roy,
Juge, Législateur et Sauveur. Sainct Pierre aussi a'dvertissant
20les Pasteurs de leur office : les exhorte, de tellement paistre I. Pier. S.
leur trouppeau, qu'il n'exercent point domination sus les heritages
: par lequel nom il signifie l'Héritage de Dieu, c'est à dire les
fidèles. Voilà toute la puissance, de laquelle se vantent ceux qui
se veulent eslever sans la parolle de Dieu, abattue et desraci-
25née. Car il n'est rien donné aux Apostres, dont ilz puissent
establir leur regne, et leur propre doctrine : mais seulement
pour exalter et magnifier le Regne et la doctrine de Dieu.
J'entenz bien qu'ilz respondent pour eux, que leurs tradir
tions ne sont pas d'eux mesmes, mais de Dieu : entant que
30 (comme ilz disent) ilz n'enseignent point leurs propres songes :
mais que seulement ilz distribuent ce qu'ilz ont receu du Sainct
Esprit, au peuple Chrestien : au gouvernement duquel ilz sont,
par la providence de Dieu, establiz. Et allèguent quelques
raisons pour confirmer leur dire. C'est à scavoir, que nos-
. 35 tre Seigneur a donné de grands et excellens filtres à son Eglise
: l'appellant saincte et immaculée, sans ride et sans macule.
Et qu'elle ha promesses tresclaires, par lesquelles Jesus Christ Eph. S.
l'a acertenée, que la presence de son Esprit ne luy defaudroit
lamais. Parquoy, disent-ilz, celuy qui doubte de l'auctorité de