RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

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qu'ilz ont esté délaissez en ceste contumace : veu que Dieu pouvoit
amollir leurs coeurs : à scavoir pource que le décret immuable
de Dieu les avoit une fois destinez à perdition. Quand
les meschans oyent cela, ilz se pleignent, que Dieu abuse de
5 ses povres creatures : s'en jouant cruellement d'une puissance
desordonnée. Mais nous, qui scavons les hommes estre coulpables
en tant de manières devant le Throsne de Dieu, que quand
il les interrogueroit de mil' poinctz, ilz ne pourroyent respondre
à un : confessons que les reprouvez n'endurent rien, qui ne con-
10 vienne à son juste Jugement. Ce que nous n'en comprenons
point la raison, il nous fault prendre cela patiemment, et ne refuser
point d'ignorer quelque chose, où l'a sapience de Dieu esleve
sa - haultesse.
Mais pour ce qu'on objecte certains lieux de-1'Escriture, où il
is semble advis que le Seigneur nye cela estre faict par son ordonnance,
que les iniques périssent, jusques à ce qu'ilz s'acquièrent
la mort, luy resistant au contraire : il nous les fault expliquer
briefvement pour monstrer qu'ilz ne contrarient rien à ce qui a
esté diet. On allègue ces sentences de l'Apostre, que Dieu veult
20 tous hommes estre sauvez, et venir à la congnoissance de vérité. 1. Th.l
Item, qu'il a encloz tous hommes soubz incrédulité, pour faire Rom. U,
mercy à tous. Item, ce qu'il dénonce par son Prophète, qu'il ne Eze. U.
veult la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et vive. Le
premier passage de Sainct Paul est icy amené mal à propoz : car
25 il se peut facilement monstrer par la procedure, qu'il ne parle
point là de tous hommes, pour signifier un chascun d'eux : mais
tous estatz. 11 avoit commandé à Timothée de faire prières solennelles
pour les Roys et Princes. Or pour ce qu'il sembloit advis
aucunement estrange, de faire prière à Dieu pour une manière
30 de gens tant désespérée : veu que non seulement ilz estoient
hors de la compagnie des fidèles : mais s'efforceoient de leur
pouvoir d'opprimer le Regne de Christ : il adjouste, que cela est
aggreable à Dieu, lequel veult tous hommes estre sauvez. En
quoy certes il ne signifie autre chose, sinon qu'il n'a forcloz la
35voye à salut à aucun estât: mais que plustost il a espandu sa
miséricorde en telle sorte, qu'il veult en faire participans tous
estatz. Les autres tesmoignages ne declairent point ce que le
Seigneur a déterminé en son Jugement occult : mais seulement
dénoncent que le pardon est appareillé à tous pécheurs, qui le