RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

S34 CHAPITRE IX.
lequel a surmonté tous autres en cest ençlroit? Or on peut
par les parolles du Prophète inférer, que lors il ne faisoit nulle
requeste. Parquoy s'ilz cerchent ces petites subtilitez, de conclurre
que les mors prient pour les vivans. Puisque Dieu a diet :
s Si Moyse et Samuel prioyent : j'auray une raison plus apparente
: que Moyse ne prioit point, en l'extresme nécessité du
peuple duquel il est diet, s'il le prioit qu'il ne seroit point exaucé.
Dont il est vray semblable, que nul autre ne prie, veu que Moyse
surmonte tous autres en bonté et clémence. Voylà qu'ilz prof-
10 fitent en leurs cavilations : d'estre navrez du glaive dont ilz se
pen soient bien muniz. Neantmoins c'est une moquerie de forcer
ainsi ceste sentence oultre son simple sens : veu que nostre
Seigneur ne signifie autre chose, sinon qu'il ne pardonnera
point à ce peuple : quand mesmes ilz auraient quelque Moyse
is pour Advocat, ou quelque Samuel : pour les prières desquelz il
avoit jadis tant faict. Lequel sens se peut clairement déduire
d'un autre semblable passage de Ezechiel. Si certes ces trois Eze. 14.
personnages, dit le Seigneur, Noé, Daniel, et Job, estoient en la
cité : ilz ne delivreroient ne filz ne fille par leur justice : mais
so leurs âmes tant seulement. Où sans doubte il a voulu dire, que
s'ilz estoient ressuscitez et vivoient en la cité. Laissons donc à
part ceux desquelz l'Escriture tesmoigne ouvertement qu'ilz ont
achevé leurs cours. Pourtant Sainct Paul, parlant de David, Ad. 13.
ne dit pas qu'il ayde ses successeurs par prières.: mais seule-
25 ment qu'il a servy à son eage. Mais on demandera, si je veulx
leur oster toute affection d'amour ; veu qu'en toute leur vie ilz
ont esté si ardans en dilection et pitié? A cela je respondz, que
comme je ne veulx point espelucher curieusement, que c'est
qu'ilz font ou à quoy ilz pensent : Aussi il n'est point vray sem-
3oblable, qu'ilz soient agitez cà et là de divers désirs, mais est probable
que d'une volunté arrestee, ilz cerchent le Royaume de
Dieu : qui ne consiste point moins en la confusion des iniques,
que au salut des fidèles.
D'avantage jasoit que nous concédions qu'ilz prient en telle
35 sorte pour nous : Neantmoins il ne s'ensuyvra pas qu'ilz doivent
estre pourtant invoquez. Et ne se peut cela déduire de ce
que les hommes vivans sur la terre se recommandent aux
oraisons les uns des autres : car cela sert à entretenir la charité
entre eux quand ilz se départissent ensemble leur nécessitez, et