RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DU GOUVERNEMENT CIVIL. Itö
tout le païs. J'appelle Alliances, les confederations que font ensemble
quelques Princes voysins : à fin de s'âyder l'un l'autre,
s'il advenoit quelque trouble en leur territoire : et de résister en
commun aux communs ennemis du genre humain. J'appelle
5 munitions civiles, toutes provisions qui appartiennent à l'usaige
de guerre.
11 me semble expedient d'adjouster encores ce point pour la
fin : c'est, que les tribuz etimpoz lesquelz receoivent les Princes,
leur soient revenuz legitimes. Lesquelz neantmoins ilz doivent
10 principalement employer à soustenir les charges de leur estât.
Combien que aussi ilz en puissent licitement user à entretenir
assez amplement leur dignité domestique : laquelle est aucunement
conjoincte avec la majesté de leurs offices. Comme nous voyons
que David, Ezechias, Josias, Josaphatet les autres sainctz Roys :
is pareillement Joseph, Daniel, ont sans- offence de conscience,
vescu somptueusement du public, selon Testât où ilz estoient colloquez.
Et d'avantage nous lisons en Ezechiel, que grandes possessions,
par l'ordonnance de Dieu furent assignées aux Roys.
Auquel lieu combien qu'il descrive le Royaume spirituel de Christ :
20 toutesfois il en prent le patron d'un Royaume des hommes droit
et legitime. Toutesfois il doibt d'autre part souvenir aux Princes, Eze. der.
que leurs domaines ne sont pas tant revenuz privez, que pour
appliquer au bien public de tout le peuple : comme mesme Sainct
Paul le tesmoigne. Et pourtant qu'ilz n'en peuvent prodigale-
23 ment abuser, sans faire injure au public : ou plustost encores
ilz doivent penser que c'est le propre sang du peuple, auquel ne
point pardonner, c'est une trescruelle inhumanité. Oultre plus
ilz doivent estimer que leurs tailles, impostz, et autres espèces
de tributz, ne sont sinon subsides de la nécessité publique :
30 desquelz grever le povre populaire sans cause, c'est tyrannie et
pillaige. Ces choses ainsi remonstrées, ne donnent point
couraige aux Princes de faire despence et largesses desordonnées
(comme certes il n'est pas mestier de augmenter leurs cupiditez,
lesquelles sont d'elles mesmes trop plus enflambées qu'il
3s ne fauldroit) mais, comme il soit bien nécessaire qu'ilz n'entreprennent
rien sinon en saine conscience devant Dieu, à fin que
en osant d'avantage, ilz ne viennent en conte[m]nementde Dieu :
il est expedient qu'ilz entendent, que c'est qu'il leurs est licite.
Et n'est pas ceste doctrine superflue aux personnes privées ;