RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

726 CHAPITRE XV.
brebis, et tuent les loups : qu'ilz conduissent, par enseignemens
et exhortations, ceux qui sont dociles : qu'ilz contreignent et corrigent
les rebelles et obstinez : qu'ilz lient, deslient, tonnent, et
fouldroyent : mais tout en la parolle de Dieu.
s Or si ceste puissance est comparée avec celle, de laquelle se
vantent les tyrans spirituelz, qui contrefont les Evesques et recteurs
des âmes : il n'y aura nulle meilleure similitude que entre
Christ et Belyal. Premierementilz veulent que nostre Foy despende
de leur jugement : que ce qu'ilz auront déterminé nous soit ferme
îo et indubitable : tellement que ce qu'ilz auront approuvé soit approuvé
de nous pour certain : que ce qu'ilz auront condamné, soit
tenu pour condamné. Dont sont prinses ces conclusions. C'est à
seavoir, qu'il est en l'auctorité de l'Eglise de faire nouveaux articles
delà Foy. Item, que l'auctorité de l'Eglise est pareille à celle
is de la sainctë Escriture. Que celuy n'est pas Chrestien, qui ne
tient toutes les constitutions de l'Eglise, tant affirmatives que negatives,
par Foy explicite ou implicite : et autres semblables. En
après ilz veulent, que noz consciences soyent subjestes à leur domination
: tellement qu'il nous soit nécessaire d'obéir à toutes Loyx
2o qu'il leur aura pieu de mettre sus. Cependant selon leur appétit et
en contemna'nt la parolle de Dieu, ilz forgent des doctrines, ausquelles
ilz requièrent que nous croyons: et ordonnent Loyx, desquelles
ilz font l'observance nécessaire. Mais quand au premier, ilz
s'attribuent injustement ceste licence d'enseigner nouvelle doc-
23 trine, et bastir nouveaux articles de la Foy : laquelle nous avons
n'aguieres monstre estre ostée aux Apostres. Et si encores ilz ne 2. Cor \.
veulent acquiescer : Sainct Paul declare, qu'il ne veult dominer
sur la Foy des Corinthiens, desquelz il estoit ordonné Apostres
par le Seigneur. Et s'il eusl approuvé ceste licence d'enseigner, 1.Cor. Il
30 il n'eust pas baillé ceste reigle, que quand deux ou troys Prophètes
parleroient, que les autres jugeassent : et que si la vérité
estoit révélée à un autre, que le premier se teust. Car en ce
faisant, il n'a espargné personne duquel il n'ayt soubmis l'auctorité
à la censure de la parolle de • Dieu. Mais encores plus
3J clairement, en. un autre lieu il affranchit nostre Foy de toutes Rom. /fl.
' traditions et inventions des hommes, quand il dit : que la Foy
vient de l'oüye, et l'oüye par la parolle de Dieu. S'il est ainsi
que la Foy dépende de la seule parolle de Dieu, qu'elle regarde
en icelle, et se repose sur icelle : quel lieu reste< plus à la parolle