RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

550 CHAPITRE IX.
ne soit cachée ou obscurcie par ingratitude ou mescongnoissance
des hommes. D'avantage que quelque chose qu'on voye
qu'il face, toutes ses œuvres apparaissent glorieuses, comme
vrayement elles le sont : à fin que la sentence du Prophète soit
ïplainement accomplie, où il est diet : Seigneur selon que tu es renommé,
ta loiienge est manifestée par toute la terre. Tellement
que s'il punit, il soit recongneu juste : s'il pardonne, misericor- Psal.48.
dieux, s'il tient ce qu'il a promis, veritable. Brief qu'il n'y ayt
chose en laquelle sa gloire ne reluyse, et qu'ainsi ses loüenges
10 soient engravées en tous cœurs, et resonnent en toutes langues.
Finalement que toute impieté, laquelle pollue et deshonore ce
Sainct Nom, c'est à dire qui obscurcit ou diminue ceste sanctification
: périsse et soit confondue : en laquelle confusion, aussi
de plus en plus la majesté de Dieu soit esclarcie. Ainsi en ceste
is petition est contenue l'action de graces. Car d'autant que nous
requérons le Nom de Dieu estre sanctifié : nous luy attribuons
la louenge de tous biens, advoüons tout estre de luy, et recongnoissons
ses graces et benefices envers nous : par lesquelles il
mérite d'estre estimé Sainct.
20 LA IL PETITION.
Ton regne advienne.
Le Regne de Dieu consiste en deux parties. Car il regne premièrement,
entant qu'il dirige et gouverne les siens par son S.
Esprit : pour en toutes leurs œuvres ou parolles manifester sa
s» bonté et les richesses de sa miséricorde. Et d'autrepart en tant
qu'il abysme les reprouvez, qui ne le recongnoissent point pour
leur Dieu et Seigneur, et ne luy veulenl estre subjeetz : et rabbat
leur orgueil et arrogance pour monstrer qu'il n'y a nulle
puissance, qui puisse résister à la sienne. Et pourtant que
30 ces choses se font tous les jours devant noz yeux, parce
que nostre Seigneur donne force et vigueur à sa parolle, ainsi
érigée comme un sceptre et la faict fructifier et régner, mesme
soubz la croix, contemnement, et ignominie du monde : on Luc 14.
peut veoir que ce Regne est mesmes en ce monde. Pourtant 1. Cor. i.\
3ï Christ mesmes diet que le Royaume de Dieu est en nous, et
appelle aucunesfois l'Eglise le Royaume des cieux : en laquelle