RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE LA PREDESTINATION. 503
modérer, sinon que présider en telle sorte ; que les choses ausquelles
on preside soient menées par ordre et disposition?.Et de
faict, l'Escriture par tout nous monstre si diligemment une Providence
particulière de Dieu : que c'est merveille comment on en
5 a peu doubter. Ce que dit l'Apostre, que nous sommes et avons Act. 1 7.
nostre vie et mouvement en luy£ Item, que ce que Christ tes- Jean S.
moigne, qu'il besôngne assiduellement avec le Père : combien
que cela prouve que le Seigneur besôngne saus cesse en toutes les
œuvres qu'il a crées : toutesfois il raportent cela à la Providence
10 universelle. Mais il y a des tesmoignages plus clers, qu'on les
puisse caviller par telz substèrfuges. Le Prophète Jeremie crie :
Je scay Seigneur, que lavoye de l'homme n'est pas en son pou- Jere. 10.
voir : né qu'il puisse dresser ses pas. Item, Salomon, C'est du Pro. 21.
Seigneur que vient la conduicte deal'homme : et comment l'hom-
15 me disposera-il sa voye ? Qu'on dise maintenant, que l'homme est
poulsé de Dieu selon l'inclination de sa nature ; mais qu'il convertit
le mouvement où bon luy semble ? Si cela estoitjjien diet :
l'homme auroit ses voyes à son'commandement. On dira, possible,
que non, à cause qu'il ne peut rien sans la puissance de
20 Dieu. Mais puis qu'il appert que le Prophète et Salomon n'ont
pas voulu seulement attribuer la puissance à Dieu : mais aussi
l'élection et Providence de faire tout à son plaisir : cela n'est
pas souldre la question. Mesme Salomon en un autre lieu, Prov. 16.
reprent notamment la témérité des hommes, qui font leurs entrées
prinses sans regarder Dieu : comme s'ilz n'estoient point conduietz
de sa main. La disposition du cœur, dit-il, est en l'homme :
et c'est à faire au Seigneur de preparer la langue. C'est certes
une fureur ridicule, que les hommes proposent de faire sans
Dieu, ce qu'ilz ne peuvent pas dire de bouche sinon qu'il luy
30 plaise. Et encores l'Escriture, pour plus exprimer qu'il ne se fait
du tout rien en ce monde sinon par l'ordonnance de Dieu, luy
assubjectitnomméement les choses, qui semblent advis les plus
fortuites. Car qu'est-ce que nous dirons plus fortuit, que quand
une branche tombe d'un arbre sus un passant : et le tue [?] EXO. 21.
35 Mais Dieu dit bien autrement prononceant qu'il l'a baillée entre
les mains de celuy qui jette la branche pour le tuer. Pareillement
des lotz et sors : qui est-ce qui ne les attribueroit à témérité de
fortune ['?] Mais le Seigneur ne souffre point cela ; lequel maintient Prov. 16.
que c'est à luy qu'en appartient le jugement. Il ne dit pas, que