RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

81 â CfiAPlÎRE Vlll.
Juifz ont tué Christ, selon que le Père celeste l'avoit déterminé.
Ainsi qu'ilz ont accomply toutes les choses qui estoient escrites
de luy. Comme aussi il est souvent répété en l'Evangile, que les Act. 2,
gensdafmes, qui le crucifioient, ont mis en execution tout ce qui
s estoit predict en l'Escriture. Lesquelles choses se rapportent
toutes là, que toutesfois et quantes que les hommes nous affligent
par leur meschanceté, nous ne laissions point de regarder en
Dieu : et tenir pour certain, que combien qu'iceux se portent
iniquement envers nous, que cela n'advient point sinon par sa
10 juste ordonnance tellement qu'il le permet, et le veut, et le dispose
ainsi. Ou bien si quelque adversité nous presse, et que les
hommes n'interv[ien]nent point : l'Escriture nous dénonce, que
stérilité de terre, famine, toutes maladies et les autres choses
que nous estimons fortuites, sont maledictions de Dieu ou pour Lev. 2ö.
isle moins chastiemens qu'il nous envoyé. Cependant toutesfois Deu. 27. ;
si ne fermerons-nous point les yeux, que nous ne considérions les '
causes inférieures. Car combien que nous estimions ceux desquelz
nous recevons quelque bien, estre ministres de la bénignité
de Dieu : si ne les mespriserons-nous pas, comme s'ilz n'avoient
20 mérité nulle grace envers nous par leur humanité, mais plustost
nous recongnoistrons estre obligez à eulx et le confesserons
voluntiers : et nous efforcerons de rendre la pareille, selon nos- I
tre povoir, quand l'oportunité sera. Brief nous porterons ceste
honneur à Dieu, de le recongnoistre principal autheur de tout
25 bien : mais nous honorerons aussi les hommes, comme ministres
et dispensateurs de ses benefices ; et penserons qu'il nous a
voulu obliger à eulx puisqu'il s'est monstre nostre bienfaicteur
par leurs mains. Si nous endurons quelque dommage, ou pour
nostre negligence, ou pour nostre nonchalance : nous pense-
3orons bien que cela s'est faict par le vouloir de Dieu : mais
nous ne laisserons point de nous en imputer la faulte. Si-quelqu'un
de nos parens ou amys, duquel nous devions avoir le
soing, trespasse sans estre bien pensé, combien que nous n'ignorerons
point qu'il estoit venu au terme, lequel il ne povoit pas-
3ä ser. Toutesfois nous n'amoindrirons point par cela nostre péché.
Mais d'autant que nous n'aurons point fait nostre devoir nous
prendrons sa mort, 'comme estant advenue de nostre faulte.
Par plus forte raison donc s'il y a eu fraude ou malice délibérée,
en commettant homicide ou larrecin, nous ne devrions pas ex-