RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE LA PUISSANCE
ECCLESIASTIQUE.,
CHAP. XV.
COMME ainsi soit donc que tout ce qui a esté diet cy devant
de la Liberté Chrestiennè appartienne à ce Royaume spirituel :
en ceste disputation nous ne combattons nullement contre l'auctorité
des loix civiles : mais contre la puissance, que usurpent
s ceux qui veulent estre veuz Pasteurs de l'Eglise : et aucontraire
en sont véritablement très cruelz bourreaux. Car ilz disent les
Loix qu'ilz font, estré spirituelles, et appartenantes à l'ame :
aifermans qu'elles sont nécessaires à la vie éternelle. En quoy
est assailly et violé le Royaume de Christ : et la liberté donnée
io de luv aux consciences dès fidèles, opprimée et abbatue. Je laisse
maintenant à dire, sur quelle impieté ilz fondent l'observance de
leurs Loix : disans, que par là nous acquérons remission des
péchez, et. justice : en mettant en icelles toute la sommé de Religion.
Pour le present je debatray seulement ce poinct, qu'on ne
is doibt imposer nécessité aux consciences, ez choses desquelles elles ,
sont affranchies par Jesus Christ : et sans laquelle franchise (comme
nous avons cy devant enseigné) elles ne peuvent avoir repoz
envers Dieu. Il fault qu'elles recongnoissent pour leur Roy un
seul Christ leur Libérateur : et qu'elles soyent gouvernées par la
20 seule Loy de liberté, qui est la sacrée pàrolle de l'Evangile ^si
elles veulent retenir la grace, qu'elles ont une fois obtenue en
Jesus Christ. Et qu'elles ne soyent assubjecties à servitude aucune
: ne captivées soubz quelques lyens. Ces Législateurs font
bien semblant que leurs constitutions sont Loix de liberté, un
25joug gratieux, et fardeau legier. Mais qui est-ce qui ne voit
que ce sont purs mensonges ? Touchant d'eux, il n'ont garde de
sentir la pesanteur de leurs Loix : veu que ayans rejette toute
: crainte de Dieu, ilz contemnent aussi hardiment leurs Loix que
celles de Dieu. Mais ceux qui sont touchez de quelque soing de