RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

520 CHAPITRE IX.
soit estre ensevely et caché soubz terre un thresor, qui luy auroit
esté enseigné. Il nous fault donc maintenant plus amplement
traicter ce point duquel nous n'avyons par cy devant parlé sinon
incidemment et comme en passant.
3 C'est donc par le benefice d'Oraison, que nous avons entrée
aux richesses, lesquelles nous avons en Dieu. Car elle est comme
une communication des hommes avec Dieu : par laquelle,
estans introduictz en son vray Temple, qui est le Ciel, ilz l'admonestent
présentement de ses richesses à fin que, par experience,
10 il leur monstre, quand la nécessité le requiert, que ce qu'ilz ont
creu à sa simple parolle estre vray, n'a pas esté mensonge ne
chose vaine. Pourtant nous ne voyons point que Dieu nous propose
aucune chose à espérer de soy : que-pareillement il ne nous
commande de la demander par prières. Tellement est veritable
iö ce que nous avons diet : que par Oraison nous cerchons et trouvons
les thresors, lesquelz sont monstrez et enseignez à nöstre
Foy en l'Evangile. Or combien est nécessaire et en combien de
manières nous est utile l'exercitation de prier : il ne se peut
assez expliquer par parolles. Ce n'est pas certes sans cause Joel 2.
20 que le Seigneur tesmoigne toute l'asseurance de nostre salut
consister en l'invocation de son Nom : veu que par icelle nous
obtenons la presence, tant de sa Prpvidence, par laquelle, il se
monstre vigilant à penser de nous : que de sa vertu, par laquelle
il nous deffende et soulage nostre imbecilitë et deffault :
55 que aussi de sa bonté, par laquelle il nous receoive en grace,
nonobstant que nous soyons chargez de péchez. Et pour brief parler,
veu que par icelle nous l'appelons, afin qu'il se declaire entièrement
nous estre present : de là revient un singulier repoz à noz ,
consciences. Car après avoir exposé au Seigneur la nécessité qui
30 nous se[rJroit de prez, nous avons suffisamment où nous reposer :
entant que nous entendons que rien n'est caché de nostre misère
à celuy duquel la bonne volunté envers nous nous est certaine,.
et le povoir de nous ayder indubitable. Toutesfois quelqu'un pourra
icy objecter : à savoir s'il ne congnoit point assez sans ad-
35 vertissement, et en quel endroict nous sommes pressez : et ce
qui nous est expedient ? Dont il sembleroit que ce fust chose
superflue de le soliciter par prières : veu que nous avons acous-.
tumé de soliciter ceux qui ne pensent point à nostre affaire, et
qui sont endormiz. Mais ceux qui arguent en , ceste manière,