RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE 0KA1S0N. S28
C'est, qTie Dieu ne exauce point les pécheurs, moyennant que par
les pécheurs nous entendions ceux, qui sans aucun désir de bien
faire sont du tout endormiz en leurs péchez. Veu que jamais le Jean 9.
courage ne se pourra addonner à vrayement invoquer Dieu : que
5 quant et quant il n'aspire et tende à l'honorer et servir. Ces protestations
donc que font les Sainctz ausquelles ilz réduisent en memoire
leur pureté ou innocence, respondent à telles promesses: à fin
que les choses, que doivent.attendre tous Serviteurs de Dieu, leur
soyent ottroyées. Oultreplus on trouvera qu'ilz ont quasi usé de
10 ceste façon de prier, quand ilz faisoient comparaison d'eux avec
leurs ennemyz : prians à Dieu qu'il les delivrast de leur malice. Or
ce n'est point de merveilles si en ceste comparaison, ilz ont allégué
leurs justices, et la sincérité de leur cœur, pour esmouvoir Dieu :
d'avantage, par l'équité de leurs causes à les ayder et supporter.
15 Nous n'ostons pas donc ce bien à l'ame fidèle, qu'elle ne puisse
avoir la jouyssance de sa bonne conscience devant Dieu et que de
cela elle ne se conferme es promesses, desquelles le Seigneur console
ses vrays serviteurs. Mais nous enseignons que toute la fiance
d'impetrerde Dieu ce que nousluy demandons, est appuyée seusolement
sur sa saincte clémence, sans aucune consideration de
nostre propre mérite.
La troisiesme Loy doibt estre telle : que toutesfois et quantes
que nous demandons quelque chose' de ce qui nous est proffitable,nous
sentions sans faintise nostre povreté, et que nous repu-
25 tans sans faintise que nous en avons besoing, demandions avec
vraye affection d'obtenir nostre demande. Car que pensons-nous
estre plus ex[e]crable à Dieu, que ceste simulation et hypocrisie?
C'est si quelqu'un demande remission de ces péchez pensant
n'estre point pécheur : ou bien ne pensant point à son pe-
3oché : car en telle sorte Dieu est pleinement mocqué. Neantmoins
le monde est plein d'une telle perversité : tellement que par manière
d'acquict plusieurs souvent demandent à Dieu les choses
qu'ilz pensent leur advenir d'ailleurs, ou estiment desja avoir
en leurs mains sans la grace de Dieu. Or les fidèles se doivent
35 garder de rien requérir de luy : sinon ce qu'ilz désirent ardamment,
et cerchent l'obtenir de sa main. Mesmes ce que nous
demandons seulement pour la gloire de Dieu, doit estre demandé
avec fervent zèle et désir. Comme quant nous requérons que
son Nom soit sanctifié : il convient de souhaiter ardamment