RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DU BAPTESME.
s'il venoit quelque Juif, Turc, ou Payen : nous ne luy vouldrions
communiquer le Baptesme, devant que l'avoir deuëment instruit,
et avoir sa confession telle qu'en pensisions estre satisfaictz. Car
combien que Abraham n'ayt esté circonciz que après avoir esté
äinstruict : cela ne porte point prejudice, que les enfans après luy
ne soient circonciz sans instruction, jusques à tant qu'ilz en seront
capables.
Mais encores pour monstrer que la nature du Baptesme est telle,
qu'elle requiert une regeneration présente, ilz prennent tesmoiîognage
de ce qui est diet au troisiesme de S. Jean. Quiconques ne
sera régénéré d'eauë et de l'Esprit, il n'entrera point au Royaume
celeste. Voilà, disent-ilz, comment nostre Seigneur appelle le
Baptesme regeneration. Si donc ainsi est que les enfans soyent
incapables d'estre régénérez : comment seront-ilz ydoines à receîs
voir le Baptesme ; qui ne peut estre sans icelle ? Premièrement
nous ne leur souffrirons pas de renverser ainsi l'Escriture par leur
faulses interpretations. Car en ce passage le Seigneur Jesus Christ
ne fait nulle mention du Baptesme : mais use d'une translation et
similitude prinse des choses charnelles, pour denotter soubz telle
20 figure les choses spirituelles et celestes. Qu'il soit ainsi, il dit tantost
après à Nicodeme auquel il parloit, qu'il ne luy avoit encores
touché que choses terriennes. Car combien que son propoz feust
de haul tes choses et spirituelles : neantmoins il les demenoit et
traictoit comme charnellement, selon la rudesse et petite capa-
25 cité de l'autre. Ayant donc monstre comment l'homme charnel de
sa nature tend à la terre sans aspirer au ciel :. il veult signifier
par ceste regeneration d'eauë et d'Esprit, qu'il fault que ayant laissé
sa poisanteur, il soit reformé en une nature plus legere et subtile-
D'avantage il appert encores par autre raison, que leur exposition
30 ne doibt estre admise, veu que tous ceux qui n'auroient esté baptisez
seroient excluz du Royaume de Dieu. Or je presuppose que
leur opinion feüst tenue, de ne point baptiser les petis enfans: que
diroient-ilz d'un jeune enfant ; qui auroit esté instruict droictement
en nostre Foy ; s'il venoit à trespasser devant qu'on eust loisir
35de le baptiser? Nostre Seigneur dit que quiconques croit au
Filz, il ha la vie éternelle : et ne viendra en condemnation, mais fi^
est jà passé de mort à vie : nulle part il ne damne ceux qui n'auront
point esté baptisez. Ce que n'entendons estre dit en contemnemeht
du Baptesme, comme si on le po-voit négliger: maisseu-
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