RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE LA PUISSANCE ECCLESIASTIQUE. Y33
ce du Filz de Dieu : en perfection et pleine mesure de l'accomplissement
en Christ. Mais comme ainsi soit que les fidèles reçoivent
seulement quelque goust et commencement de cest Esprit en ceste
chair : mesme ceux qui par dessus les autres, sont pleins des riches-
5 ses des graces de Dieu, il ne reste rien mieux sinon qu'en recongnoissant
leur imbécillité, ilz se contienent soigneusement soubz les
termes de la parolle de Dieu : de peur s'ilz vouloient procéder oultre
par leur sens, qu'ilz ne se desvoyassent incontinent de la droicte Ephesi. 5.
voye. Et à dire vray, il ne fault doubter que s'ilz venoient à décliner
io le moins du monde de ceste parolle : qu'ilz ne s'abusassent en beaucoup
de choses. C'està scavoir, d'autant qu'ilz sont encores vuydes
de cest Esprit : par le seul enseignement duquel, on comprend les
mystères de Dieu. Car en ce que dit S. Paul, que Christ a purgé son
Eglise au Baptesme d'eaue en la parolle de vie, pour se la rendre
is glorieuse espouse, n'ayant tache ne ridde : mais à fin qu'elle soit
saincte et immaculée. 11 monstre plus ce que faict tous les jours
Christ en ses esleuz, que ce qu'il a desjà parfaict. Car si de jour
en jour il les sanctifie, purge, pollist, et nettoyé de leurs taches:
certainement il apert qu'ilz sont encores riddez et maculez, et
20 qu'il deffault quelque chose à leur sanctification. D'avantage estimer
l'Eglise desjà saincte et immaculée de laquelle les membres
soient encores souillez et immundes : n'est-ce pas pure mocquerie?
Il est donc vray que Christ a lavé son Eglise au Baptesme
d'eaue par la parolle de vie. C'est à dire, qu'il l'a purgée par la
25 remission des péchez : de laquelle purgation le Baptesme est enseigné.
Et l'a purgée, pour la sanctifier. Mais de ceste sanctification
le commencement tant seulement en apparoist icy : la fin
et l'accomplissement en sera entier, quand Christ, le Sainct des
Sainctz, la remplira toute entièrement de sa saincteté.
30 Parquoy l'Eglise se confiant de telles promesses, ha amplement
dequoy soustenir sa Foy : puis qu'elle ne doubte nullement
qu'elle n'ayt tousjours le Sainct Esprit tresbon conducteur
et directeur en la droicte voye. Et ne sera pas trompée
de sa confiance. Car le Seigneur n'est pas pour abuser les
35 siens et les nourrir en vaine attente. D'autre part, recongnoissant
son ignorance, elle ha un bon advertissement, d'avoir
tousjours l'aureille dressée pour escouter la doctrine de
son maistre et son espoux : comme il appartient à une modeste
espouse et escoliere. Pourtant elle n'est pas sage en soymesme,