RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

560 CHAPITRE IX.
se de prier : et ne perdrons jamais nostre confiance : puis que à
nostre Père ne peut estre osté le Regne : la puissance, et la gloire.
Finalement pour conclurre l'oraison, est mis, Amen. Enquoy est
exprimée l'ardeur du désir que nous avons, d'obtenir toutes les
s petitions qu'avons faictes à Dieu. Et aussi est confermée nostre
espérance : que tout ce qu'avons prié nous est accordé. Et certainement
sera parfaict : car il nous est promis de Dieu, qui ne peut f
mentir en ses promesses. s-
Nous voyons tout ce que nous devons, et que entièrement aussi
io nous povons demander à Dieu, estre descrit et contenu en ceste
oraison, reigle et formulaire de prier : qui nous a esté baillée par Malt. 17.
nostre bon maistre Jesus-Christ. Lequel par le Père nous a esté
ordonné Docteur : et lequel il veut estre seul escouté et obey. Car-Ipsaie 9.
il a tousjours esté sa sapience éternelle en tant qu'il est Dieu : et
ta en tant qu'il a esté fait homme, il a esté son grand Ambassadeur
et messager donné aux hommes. Et tellement est parfaicte ceste
oraison, que toute autre chose qu'on y adjouste, laquelle ne [s'y]
peut rapporter, est contre Dieu : et ne nous sera jamais octroyée de
luy. Car icy il nous a declairé tout ce qui luy est aggreable, tout
20 ce qui nous est nécessaire, et tout ce qu'il nous veult donner.
Parquoy tous ceux qui veulent aller plus avant et qui
présument de requérir autre chose à Dieu qui ne soit comprinse
et entendue en ceste oraison : premièrement ilz veulent
adjouster du leur à la sapience de Dieu (qui est un grand blasas
pheme). Secondement ilz ne se contentent point de la volunté
de Dieu, et ne se contienent soubz icelle. Tiercement ilz ne
seront point exaucez : d'autant qu'ilz ne prient point en Foy.
Or qu'ilz ne puissent point ainsi prier en Foy, il est trescertain.
Car en cela ilz n'ont nulle parolle de Dieu pour eux : sur la-
30 quelle si la Foy ne se appuyé, elle ne peut nullement estre.
Et non seulement ilz n'ont point de parolle de Dieu : mais
tant qu'ilz peuvent, ilz y contrevienent. Tertulien donc a parlé
bien vray, et très proprement, l'appellant l'oraison legitime :
signifiant tacitement que toutes autres sont irreguliers et illi-
35 cites. Nous ne voulons pourtant cecy estre ainsi prins et
entendu, comme si nous devions tellement estre adstrainctz
à ceste oraison et formulaire de prier : qu'il ne fust licite d'en
changer une syllabe, ne d'user d'autres parolles en priant. Car
nous avons beaucoup d'oraisons par tout en l'Escriture bien