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RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

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514 CHAPITRE VIII.<br />

mort [et nous]. Que nous soyons sur un cheval : il ne fault sinon<br />

qu'il choppe d'un pied, pour nous faire rompre le col. Allons<br />

parles rues : autant qu'il y a de tuilles sur les teclz, autant sontce<br />

de dangers sur nous. Tenons une espée, ou que quelqu'un<br />

s auprès de nous en tienne : il ne fault rien pour nous en blesser.<br />

Autant que nous voyons de bestes, ou sauvages, ou rebelles, ou<br />

difficiles à gouverner, elles sont toutes armées contre nous.<br />

Enfermons-nous en un beau jardin, où il n'y ayt que tout plaisir<br />

: un serpent y sera quelque fois caché. Les maisons où nous<br />

10 habitons comme elles sont assiduellement subjectes à brusler, de<br />

jour nous menacent de nous appovrir, de nuyct de nous accabler.<br />

Quelques possessions que nous ayons, entant qu'elles sont subjectes<br />

à gresle, gelée, seicheresse, et autres tempestes : elles nous<br />

dénoncent stérilité, et par consequent famine. Je laisse là les<br />

îsampoisonnemens, les ambusches, les violences, desquelles la vie<br />

de l'homme est attentée, partie en la maison, partie aux<br />

champs. Entre telles perplexitez ne faudroit-il pas qu'un homme<br />

fust plus que miserable ? A scavoir, d'autant qu'en vivant il<br />

n'est qu'à demy envie : s'entretenant à grand'peine en langueur<br />

20 et détresse : tout comme s'il se voyoit le cousleau à la gorge à<br />

chascune heure. Quelqu'un dira, que ces choses advie[n]nent peu<br />

souvent : ou pour le moins qu'elles n'adviennent pas tousjours,<br />

ne à tout le monde. D'autrepart qu'elles ne peuvent advenir<br />

jamais toutes en un coup. Je le confesse : mais pource que par<br />

23 l'exemple des autres nous sommes advertiz qu'elles nous peuvent<br />

advenir, et que nostre vie ne doibt estre exemptée de<br />

nulle d'icelles : il ne se peut faire que nous ne les craignions,<br />

comme si elles nous dévoient advenir. Quelle misère pourroit-on<br />

imaginer plus grande ; que d'estre tousjours en tel tremblement<br />

30 et angoisse ? D'avantage cela ne seroit point sans l'opprobre, de<br />

Dieu : de dire qu'il eust abandonné l'homme, la plus noble de ses<br />

creatures, à la témérité de fortune. Mais mon intention n'est icy<br />

que de parler de la misère de l'homme : en laquelle il seroit,<br />

s'il vivoit comme à l'adventure. Aucontraire si la Providence de<br />

35 Dieu reluyt au cœur de l'homme fidèle : non seulement il sera<br />

délivré de la crainte et destresse, de laquelle il estoit pressé<br />

auparavant : mais sera relevé de toute doubte. Car comme à<br />

bon droit nous craignions la fortune ; aussi nous avons bonne<br />

raison de nous oser hardiment permettre à Dieu. Ce nous est

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