RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE ORAISON. 5S&
qui en fiance d'euxmesmes, se préparent à batailler contre luv :
n'entendent pas bien à quel ennemy ilz ont affaire : ne combien
il est fort et rusé à la guerre : ne comment il est bien armé de
toutes pieces. Maintenant nous demandons estre délivrez de sa
s puissance comme de la gueule d'un Lyon furieux et affamé : estants
prestz d'estre incontinent par ses ungles et par ses dens desmembrez
et engloutiz, si nostre Seigneur est quelque peueslongné
de nous : estans neantmoins certains, que si le Seigneur est present
à nostre ayde et combat pour nous : sans nostre • force en
10 sa vertu, nous ferons vertu. Que les autres se confient comme
ilz vouldront, de leur franc et liberal arbitre, et de la puissance
qu'ilz pensent avoir d'euxmesmes : à nous il suffit que par
la seule vertu de Dieu nous consistons, et povons tout ce que
nouspovons.
is Ces trois dernières petitions, par lesquelles nous recommandons
à Dieu nous et toutes les choses qui nous concernent,
monstrent évidemment ce que nous avons devant diet : que
les oraisons des Chrestiens doivent estre communes et tendantes
à l'édification et proffit general de l'Eglise, et à l'advancement
20 publique de la communion des fidèles. Car par icelles petitions
nul ne demande que privement il luy soit donné : mais
tous en commun nous requérons nostre pain, que noz péchez
nous soient remiz, que ne soyons induiz en tentation : mais
que soyons délivrez du maling. Après toutes les petitions
25 est adjoustée la cause, dont procède si grand'audace de demander
et fiance d'obtenir, laquelle cause, combien qu'elle ne
soit point exprimée aux livres latins : neantmoins est tellement
convenable à ce lieu, qu'elle ne doibt point estre
obmise. -
30 Car à toy est le Regne, la puissance, et la gloire aux
siècles des siècles. Amen.
En cecy est le ferme et tranquille repoz de nostre Foy.
Car si noz oraisons dévoient estre recommandées à Dieu pour
nostre dignité ; qui seroy celuy qui oseroit seulement ouvrir
35 la bouche devant luy ? Maintenant combien que soyons plus que
.miserables, plus que indignes, et n'ayons du tout rien pour
nous priser envers Dieu : toutesfois nous aurons tousjours eau-