RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

488 CHAPITRE VIII.
ment, en partissant entre la grace de Dieu, etlavolunté et course
de l'homme. Car on expose que le désir ne l'effort de l'homme
ne peuvent rien, sinon que la grace de Dieu les face prospérer :
mais si Dieu adjouste son ayde, que l'un et l'autre fait quelque
s chose pour acquérir salut. Laquelle cavillation j'ayme mieux réfuter
par les parolles de Sainct Augustin, que par les miennes. Si
l'Apostre (dit-il) n'a voulu autre chose, que dire qu'il n'estoit
seulement en- la faculté du veuillant et du courant, sinon que le
Seigneur y ayde par sa miséricorde : nous pourrons aucontraire
io retourner cela et dire : qu'il n'est pas en la seule miséricorde de
Dieu, sinon qu'elle soit aydée par la volunté et course de l'homme.
Si cela est clairement meschant il ne fault doubter que l'Apostre
n'ayt Voulu tout assigner à la miséricorde de Dieu, sans rien laisser
à nostre volunté ou estude. Voylà les motz de ce Sainct peris
sonnage. Je n'estime pas un festu la subtilité qu'ilz ameinent :
c'est, que Sainct Paul n'eust pas ainsi parlé, s'il n'y avoit quelque
effort et volunté en nous. Car il n'a pas réputé ce qui estoit
en l'homme : mais voyant qu'il y en avoit aucuns, qui assignoient
en partie le salut de l'homme à leur industrie : au premier membre
so de son oraison il condemne simplement leur erreur puis il maintient
que toute la somme de salut gist en la miséricorde de Dieu.
Et qu'est-ce que font autre chose les Prophètes; sinon de prescher
continuellement la vocation de Dieu gratuite ? Ce que nous
voyons aussi en la substance d'icelle. Car elle consiste en la predi-
25 cation de la parolle, et illumination du Sainct Esprit. Or nous
avons au Prophète, à qui c'est que nostre Seigneur offre sa parolle. Jesa. 65.
J'ay esté trouvé, dit-il, de ceux qui ne me cerchoient point :• je
suis apparu à ceux qui ne m'interroguoient point. J'ay dicta ceux
qui n'invoquaient point mon Nom, me voicy. Et à fin que les Juifz
30 ne pensassent une telle grace appartenir seulement aux Gentilz: Josuéderle
Seigneur leur reduyt en memoire, dont c'est.qu'il aprins leur mer '
Père Abraham, quand il l'a voulu recevoir en son amour": à scavoir
du milieu de l'idolâtrie : en laquelle il estoit comme abysmé,
avec tous ses parens. Puis que Dieu esclaire par sa parolle,
35 ceux qui n'ont rien mérité : en cela il donne un signe assez
clair de sa bonté gratuite. Mais à fin que la chair ne se glorifie,
qu'elle luy respond estant appellee : il afferme que
nous n'avons nulles aureilles à ouyr, et nulz yeux à Vebir,
sinon qu'il nous les ayt formez. D'avantage qu'il nous les