RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

760 CHAPITRE XVI.
facile, quand les gens d'apparence ont la supériorité, qu'ilz conspirent
à élever une domination inique. Et encores il est beaucoup
plus facile, où le populaire ha auctorité, qu'il esmeuve seditions.
Oultreplus si nous ne fichons pas seulement noz yeux sur une
5 ville, mais que nous regardions et considérions ensembléement
tout le monde, ou bien que nous jettions la veuë sur divers païs :
certainement nous trouverons que • cela ne s'est pas faict sans la
providence de Dieu, que diverses Regions feussent gouvernées
par diverses manières de polices. Car comme les elemens ne se
10 peuvent entretenir, sinon par une proportion et temperature
inegale : aussi les polices ne se peuvent pas bien entretenir sinon
par certaine inequalité. Combien qu'il n'est jà mestier de remonstrer
toutes choses à ceux ausquelz la volunté de Dieu est suffisante
pour toute raison. Car si c'est son plaisir de constituer
is Roys sur les Royaumes, et sur les peuples libres, autres supérieurs
quelconques : c'est à nous à faire de nous rendre subjectz
et obeissans à quelconques supérieurs qui domineront au lieu
où nous vivrons. .
Or maintenant il nous fault brièvement declairer quel est
so l'office des Magistratz, selon qu'il est descript par la parolle de
Dieu : et en quelle chose il gist. Jeremie admoneste les Roys Jere. 22.
de faire jugement et justice : de délivrer celuy qui est opprimé
par force, de la main du calumniateur : de necontrister point les
estrangers, vefves et orphelins,: de ne-faire injure aucune : de
25 ne point espandre le sang innocent. De rechief, Moyse com- Deut.1.
mande aux Gouverneurs, lesquelz il avoit mis en sa place, de
oüyr la cause de leurs frères : de faire justice à celuy qui la demanderait,
tant contre son frère, que contre un estranger : de Deut.il.
n'avoir point acception de personnes en jugement : mais faire
30 droit, tant au petit que au grand, et "ne décliner point pour
crainte des hommes, puis que le jugement est de Dieu. Je laisse
ce qui est autrepart escript. C'est que les Roys ne doivent
multiplier leurs chevaux, ne mettre leur cœur à l'avarice, et
ne s'eslever orgueilleusement par dessus leurs prochains : mais Deut. 16.
35 doivent estre, tout le temps dé leur vie, assiduellement à méditer
la Loy de Dieu. Item que les Juges ne doivent décliner en
une partie, ne en l'autre, et n'accepter presens aucuns. Et
autres sentences semblables, qu'on list communément en l'Es-,
criture. Car ce que j'ay icy entreprins de declarer l'office des