RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

618 CHAPITRE XI.
lenient nous voulons monstrer, qu'il n'est pas tellement nécessaire,
que celuy ne soit excusable de ne l'avoir point receu, qui
aura eu empeschement legitime. Au contraire selon leur exposition
tous telz seroient condamnez sans exception : jà soit qu'ilz
5 eussent la Foy par laquelle nous possédons Jesus Christ. Mais
encores sans cela, ilz damnent tous les petis enfans : ausquelz.
ilz denyent le Baptesme, qu'ilz disent estre nécessaire ä salut.
Maintenant qu'ilz accordent leur dire avec la parollede Christ: par
laquelle le Royaume celeste leur est adjugé. Et encores que nous
10 leur concédions tout ce qu'ilz demandent si est leur illation faulse,
et prinse d'une faulse et folle raison : que les enfans ne peuvent
estre régénérez : comme il appert de la deduction cy dessus amplement
faicte. C'est que sans la regeneration il n'y a nulle entrée
au Royaume de Dieu, ny aux petits ny au grans. Or puis qu'il
is y en a de ceux qui decedent petits enfans qui sont héritiers du
Royaume de Dieu : il s'ensuit bien qu'ilz sont paravant régénérez.
Après à une mesme fin ilz s'arment du dire de S.. Pierre.
Que le Baptesme respondant à la figure de l'Arche de Noë nous
est donné à salut. Non point l'ablution extérieure des souilleures i. Pier.3.
20 de la chair : mais response de bonne conscience envers Dieu,
qui est par la Foy en la resurrection de Christ. Si la vérité du
Baptesme est bon tesmoignage de la conscience devant Dieu :
quand cela sera séparé : que reste-il plus qu'une chose vaine et
de nulle importance ? Parquoy si les enfans ne peuvent avoir
as ceste bonne conscience, leur Baptesme n'est que vanité et fumée.
En cela ilz se trompent tousjours, qu'ilz veulent précisément que
la vérité sans quelque exception precede le signe. Lequel erreur
nous avons cy devant abondamment refuté. Car la Circoncision,
pourtant si elle estoit baillée aux petis,.enfans, ne laissoit point
3od'estre Sacrement de la justice de la Foy, signe de Penitence
et regeneration. Si ces choses estoient incompatibles : Dieu n'eust
pas faict telle ordonnance. Mais en nous enseignant que la
substance de la Circoncision est telle, et ce pendant l'assignant
aux petis enfans : il nous monstre assez que touchant ces poinctz
35 là il leur est baillé pour le temps à venir. Donc la vérité présente,qu'il
nous fault considérer au Baptesme, quand il est donné
aux petis enfans, c'est qu'il est testification de leur salut,
en séellant et confermant l'alliance de Dieu sur eux. Le reste
des choses signifiées a lieu en eux au temps que le Seigneur