RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

tlÈ LA PUISSANCE ECCLESIASTIQUE. 721
leur salut, sont bien loing de s'estimer libres : tant qu'ilz sont
estreinz de leurs lyens. Nous voyons combien songneusement a
évité S. Paul de charger les consciences : jusques à n'oser en
une seule chose les lyer. Et non sans cause. Certes il congnois-
5 soit que c'estoit une playe mortelle faicte aux consciences : si on
leur imposoit nécessité des choses, desquelles la liberté leur avoit
esté laissée de Dieu. Aucontraire à grand peine pourroit-on nombref
les constitutions, lesquelles ceux icy ont rigoureusement
commandées soubz peine de mort éternelle : etausquelles ilz con-
10 treignent les hommes comme nécessaires à salut. Et entre icelles il
y en a de bien difficilles à observer : et si elles sont prinses toutes
ensemble, elles sont pour leur multitude, impossibles. Comment
donc se pourroit-il faire que ceux ne feussent en grosse angoisse
et perplexité, qui se sentent chargez d'un tant difficille fardeau ?
15 Parquoy nous avons brièvement à conclure, selon ce que avons
enseigné, que noz consciences ne sont aucunement tenues ne
obligées envers Dieu, à toutes telles constitutions, qui se font à
ceste fin de lyer noz âmes devant Dieu, et induire une obligation,
comme si elles commandoient des choses nécessaires à salut. Or
20 telles sont toutes les constitutions qui sont aujourd'huy nommées
ecclésiastiques ; lesquelles ilz disent estre nécessaires pour' bien
honorer et servir Dieu. Et comme il yen a innumerables : aussi
ce sont autant de lyens pour captiver les âmes.
Comment donc ? N'y a-il nulle puissance ecclésiastique ?
ss car plusieurs simples gens, lesquelz nous voulons principalement
enseigner, sont estonnez de ceste objection. Nous respondons,
que vrayement nous recongnoissons quelque puissance
ecclésiastique, mais telle, comme dit Sainct Paul : c'est à scavoir
qui ayt esté donnée pour edification, non pour destruction.
30 De laquelle ceux qui usent bien, ne s'estiment estre rien plus
que ministres de Christ, et administrateurs des mystères de
Dieu. On la peut tresbien définir en l'appellant administration
de la parolle de Dieu. Car elle a esté ainsi limitée de Jesus
Christ quand il a commandé à ses Àpostres qu'ilz allassent et
35 enseignassent à toutes nations, les choses qu'il leur avoit commandées.
Laquelle Loy je desireroye que ceux qui ont à gouverner
l'Eglise de Dieu, congneussent bien leur estre ordonnée. En
ceste manière là dignité des vrays pasteurs seroit gardée en
son entier : et ceux qui tyrannisent injustement le peuple de
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