RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

7o2 CHAPITRÉ XV.
ausquelles elles ont esté ensevelies, sans que beaucoup de ceremonies
ne soient ostées : lesquelles possible, n'avoient pas
esté jadis instituées sans cause et lesquelles, de soy, ne sont
point à reprendre. Ausquelles deffendre si quelqu'un veult in-
5 sister obstinément, son opiniastreté seroit mauvaise et nuysible.
Car s'il est question de les estimer par soy : nous avons
desjà confessé qu'il n'y a rien de mal. Mais si on les considère
avec leur circonstance : on apercevra, qu'un tel erreur est [^-]
enraciné aux cœurs des hommes, par l'abuz des ceremonies : '°
10 qu'il ne seroit pas facile de le corrigier, sinon en ostant les objectz,
qui renouvellent tousjours la matière d'errer. A ceste
cause a esté par le tesmoignage du Sainct Esprit, loué Ezechias
pour avoir brisé et abattu le Serpent d'arain, qui avoit par le
commandement de Dieu, esté élevé de Moyse : et lequel il n'ès-
15 toit pas mauvais de garder pour memoire de la grace de Dieu :
sinon qu'il eust commencé à servir à l'ydolatrie du peuple. Mais
comme ainsi feust que le bon Roy n'eust autre moyen de
corriger l'impiété de son peuple, laquelle il commettoit
en abusant dudict serpent : il n'eut moindre cause
20 de le rompre, que Moyse avoit eu de le dresser :
Car pour guérir les jugemens pervers des
hommes, il les fault du tout traicter com- ~
me estomachz debiles : ausquelz on
substrait les viandes un peu du-
2b res à digérer, lesquelles eussent
esté bonnes aux estomachz
fors et
sains.