RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DU GOUVERNEMENT CIVIL. 763
quité : car un siege Royal est confermé par.justice. De rechef, Au diel
le Roy, qui sied au Throsne de jugement, jette l'œil sur tous les ieu -
mauvais : c'est à scavoir pour les punir. Item, le Roy sage dis- Prov. 20.
sipe les meschans, et les tourne sur la roue. Item, qu'on sépare
5 l'escume de l'argent, et l'orfeuvre fera le vaisseau qu'il demande :
qu'on oste l'homme pervers de devant la face d'un Roy, et son
throsne sera estably en justice. Item, tant celuy qui justifie
l'inique, que celuy qui condemne le juste, est abominable à
Dieu. Item, celuy qui est rebelle attire la calamité sur soy : et le Prov. 25.
îo message de mort luy est envoyé. Item, les peuples et nations
maudissent celuy qui diet à l'inique, tu es juste. Or si leurvraye
justice est de persécuter les meschantz, à glaive desgainé : s'ilz
se veulent abstenir de toute sévérité, et conserver leurs mains
nettes de sang, ce pendant que les glaives des meschans sont
is desgaisnez à faire meurtres et violences : ilz se rendront coulpables
de grande injustice ; tant s'en fault que, en ce faisant, ilz
soyent louez de justice ou de bonté. Toutesfois j'entens avec
cela, que trop grande et trop aspre rudesse n'y soit meslée, et
que le siege d'un juge ne soit pas un gibet desjà dressé. Car je
20 ne suis pas celuy qui veuille favoriser à quelque cruaulté desordonnée
: ou qui veuille dire, qu'une bonne et juste sentence se
puisse prononcer sans clémence : laquelle tousjours doibt avoir
lieu au conseil des Roys : et laquelle (comme dit Salomon) est la Prov. 20. •
vraye conservation du Throsne Royal. Et pourtant il n'a pas esté
25 mal diet anciennement de quelqu'un que c'estoit la principale
vertu des Princes. Mais il fault qu'un magistrat se donne garde
de tous les deux : c'est à scavoir, que par sévérité desordonnée
il ne navre plus qu'il ne médecine : ou que par folle et superstitieuse
affectation de clémence, il ne soit cruel en. son humanité,
30 en abandonnant toutes choses par sa facilité, avec le grand détriment
de plusieurs. Car ce qui s'ensuit n'a pas esté autresfois diet
sans cause :. C'est qu'il faict mauvais vivre soubz un prince, soubz
lequel rien ne soit permis, mais qu'il faict beaucoup pire soubz
celuy, qui laisse toutes choses en abandon.
as Or pourtant qu'il est quelque fois nécessaire aux Roys
et aux peuples de entreprendre guerre pour exercer icelle vengeance
: nous povons de ceste raison pareillement estimer
que les guerres, tendantes à ceste fin, sont legitimes. Car si
la puissance leur est baillée pour conserver la tranquilité de