RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DES SACREMENS. 377
selon sa volunté use de tous elemens pour s'en servir à sa gloire.
Et si au Soleil, aux Estoilles, à la Terre, aux Pierres, il eust
engrave et donné telles marques et enseignes : tout cela nous
seraient Sacremens. Car pour quelle cause ne sont d'un mesme
5 priz et valeur l'argent en masse ; et celuy qui est marqué et
monnoyé ; puis que c'est du tout un mesme metal ? C'est pource
que le premier n'a rien oultre sa nature : et l'autre, qui est frappé
du coing publique, est faict argent monnoyé, et receoit nouvelle
taxe de valeur. Et Dieu ne pourra-il point par sa parolle,
io signer et marquer ses creatures ; à fin qu'elles soient faictes
Sacremens ; où elles n'estoient rien auparavant que nudz et
purs elemens ? Les exemples de la seconde manière ont esté, Juges 6.
comme quand il arrousa la peau sans que la terre sentist quelque
rousée : et quand aucontraire il arrousa la terre, la peau
is demeurant seiche : pour promettre la victoire à Gedeon. Et 4. Roys
quand il recula de dix lignes l'Horologe, pour promettre santé ^'
à Ezechias. Puis que ces choses estoient faictes pour soustenir,
conforter et confirmer l'imbecilité de la foy de ceux-là : elles lésa. 38.
leur estoient aussi Sacremens.
20 Mais ce qu'avons proposé pour le present, est de traicter spécialement
des Sacremens, lesquelz nostre Seigneur à constituez
et voulu estre ordinaires en son Eglise, pour nourrir et entretenir
les siens en une Foy et en la confession d'icelle. Ceux-cy
sont non seulement donnez en signes, mais en ceremonies: ou si
25 quelqu'un ayme mieux ainsi dire. Les signes qui y sont donnez
sont ceremonies. Ce sont d'avantage enseignes de nostre profession
: par lesquelles nous nous advouons publiquement à
Dieu, luy obligeans nostre Foy. Pourtant parle tresbien Chrysostome,
en les appellant pactions, par lesquelles la scedule de
30 nostre debte est effacée : et d'autrepart obligez, par lesquelz
nous nous rendons debteurs de vivre purement et sainctement.
Car comme nostre Seigneur remet en iceux toute la debte, de
laquelle nous sommes chargez pour les faultes et offenses par
nous commises : aussi mutuellement nous nous obligeons à
35 luy de le servir en saincteté et} innocence de vie. Tellement
qu'on peut diffinir telz Sacremer|s estre ceremonies, par lesquelles
le Seigneur veult exercer son peuple. Premièrement à
entretenir, exciter et confermer la Foy au dedens du cœur : en
après pour testifier la Religion devant les hommes.
Institution. 37