RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

fa?2 CHAPITRE xiii.
frivole. S'ilz veulent, persuader qu'elle soit du ciel : qu'ilz le
prouvent.
Hz se deffendent par l'exemple des Apostres : lesquelz ilz
estiment n'avoir rien faict contre raison. Ce qui est bien vray :
5 et ne seroient pas reprins de nous, s'ilz se povoient monstrer
estre immitateurs des Apostres. Mais qu'ont faict les Apostres?
Saint Luc recite aux Actes, que les Apostres, qui estoient en Je- Actes 8.
rusalem, après avoir entendu que le païs de Samarie avoit receu
la parolle de Dieu, ilz envoyèrent Pierre et Jean : et que iceux
îovenuz prièrent pour les Samaritains, à fin que le Sainct Esprit
leur feust donné : qui n'estoit encores descendu sur aucun d'eux :
mais seulement estoient baptisez au Nom de Jesus. Et que après
avoir prié, ilz mirent les mains sur eux : par lequel attouchement
les Samaritains receurentle Sainct Esprit. Et a ledict Sainct Luc
is par quelques fois faict mention de ceste imposition des mains. Je
oyz ce que les Apostres ont faict : c'est que fidèlement ilz ont
exécuté leur office. Le Seigneur vouloit que les graces visibles
et admirables de son Sainct Esprit, lesquelles il espatidoitlors sur
son peuple, feussent administrées des Apostres, et distribuées
20 par ceste imposition des mains. Or je ne'songe point quelque
hault mystère en ceste cérémonie : mais je pense qu'elle a esté
prinse d'eux, pour en icelle signifier qu'ilz recommandoient à
Dieu, et luy offraient celuy, sur lequel ilz mettoient leurs mains.
Si ce ministère, qui estoit lors ordonné aux Apostres, es-
25 toit aujourd'huy en l'Eglise : il fauldroit pareillement garder
l'imposition des mains. Mais puis que telle grace n'est plus
conférée, dequoy sert l'imposition des mains ? Certes le Sainct
Esprit assiste encores au peuple de Dieu : sans la direction et
conduite duquel l'Eglise ne peut consister. Car nous avons la
30 promesse, qui jamais ne nous fauldra, s par laquelle Christ appelle
à soy ceux qui ont soif, à fin qu'ilz boivent des eaües vives.
Mais ces vertus merveilleuses, et operations manifestes, qui
estoient distribuées par l'imposition des mains ont cessé, et
n'ont deu estre que pour un temps. Car il failloit que la nouvel-
35 le predication de l'Evangile, et le noveau regne de Christ feust
exalté et magnifié par telz miracles : qui jamais n'avoient esté
veuz ne congneuz. Lesquelz quand le Seigneur a faict cesser,
il n'a pas pourtant délaissé son Eglise : mais a declairé que la
magnificence de son Regne et la dignité de sa parolle estoit