RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

648 CHAPITRE XII.
communiquer à ceux ausquelz il voit Jesus Christ estre commun.
Si comme il advouë Jesus Christ, ainsi pareillement il tient tous
ses frères pour membres de son corps : s'il desire et est prest
de les soulager, conserver et ayder, comme ses propres mem-
5bres. Non pas que ces devoirs de Foy et de charité maintenant
puissent estre en nous parfaictz : mais parce qu'il nous fault
efforcer, et par tous désirs souhaiter que nostre Foy encommencée
de plus en plus tous les jours soit augmentée et fortifiée, et
notre imbecille charité confirmée.
i° Aucuns voulans disposer les hommes à celle dignité de prendre
le Sacrement : ont agité et tourmenté cruellement les povres
consciences : et n'ont toutesfois enseigné rien de ce qu'il failloit.
Hz ont dit, ceux là rnenger dignement le Sacrement, qui estoient
en «stat de grace. Et ont interprété : que estre en estât de
is grace, c'estoit estre net et purgé de tout péché. Par laquelle doctrine
tous les hommes qui ont jamais esté et sont en terre estoient
excluz de l'usage de ce Sacrement. Car s'il est question
que nous prenions nostre dignité en nous : c'est faict de nous,
Nous ne pouvons avoir seulement que ruyne et confusion. Cqm-
20 bien que nous nous évertuions de toutes nos forces, nous ne proffiterons
autre chose, sinon que lors finalement nous serons plus
que indignes quand nous aurons prins peine tant qu'il nous aura
esté possible à trouver aucune dignité. Pour cuyder guarir ceste
playe ilz ont inventé un moyen d'acquérir dignité. C'est, que ayant
ssdeuëment examiné nostre conscience, nous purgions nostre indignité
par contrition, confession, et satisfaction. Nous avons diet cy
dessus, quelle est la manière de ceste purgation, où le lieu estoit
plus propre d'en traiçter. Quant à ce qui appartient au present propoz,
je dy que ces remèdes et soulagemens sont trop maigres et fri-
30 voles pour les consciences troublées, et "abbatues, affligées, et espoventées
de l'horreur de leur péché. Car si nostre Seigneur par sa
deffence ne receoit nully à la participation de sa Cène, s'il n'est
juste et innocent : il ne fault pas petite asseurance, pour rendre
quelqu'un certain qu'il ayt celle justice, laquelle il oyt estre requise
35 de Dieu. Et dont nous sera confirmée ceste sécurité ; que ceux se
sont acquictez envers Dieu qui auront faict ce qui est en eux? Et si
encores il estoit ainsi : quand sera-ce que quelqu'un, se osera promettre
qu'il aura faict ce qui estoit en luy ? En ceste manière puis
que nulle certaine .assurance de nostre dignité ne nou6 est pro-