RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

572 CHAPITRE X.
que aucunefois Dieu, quand il veuït oster la fiance des choses
qui èstoient promises aux Sacremens, il oste mesmes les Sacre- 1
mens. Quand il despouille et rejeté Adam du don d'immortalité,
il dit : Qu.e Adam ne recueille point du fruict de vie : à fin qu'il Gene. 3.
5 he vive éternellement. Qu'est-ce que nous oyons ? Ce fruict pou- ;
voit-il rendre et restituer à Adam l'incorruption : de laquelle il
estoit desja decheu ? Nenny. Mais cela est autant comme s'il eust
diet, le signe de ma promesse qui luy peut faire quelque espérance
d'immortalité, luy soit osté : à fin qu'il ne prenne plus vaine conio
fiance. Par une mesme raison aussi i'Apostre, quand ilexhortoit ;
les Ephesiens qu'il z eussent souvenance d'avoir esté estrangers Eph. 2.
des promesses, esloignez de la compaignie d'Israël, sans Dieu,
sans Christ, il les dit n'avoir este participans delà Circoncision.
Parquoy il signifie qu'ilz èstoient excluz de la promesse : puis
15 qu'ilz n'en avoient point eu le marreau. '• - '•
Hz font une autre objection : que la gloire de Dieu est transférée
aux créatures, ausquélles on attribue tant de vertu : et que
ainsi elle est d'autant diminuée. Il est facile d'y respöndre.
Que nous ne mettons point aucune vertu aux creatures : mais
20 seulement disons, que Dieu use de telz moyens et instrumens, -
qu'il voit luy mesme estre convenables : a fin que toutes choses
servent à sa gloire, puis qu'il est de toutes choses Seigneur
et maistrè. Comme donc il nburrist noz corps de pain et autres
viandes : comme il esclaire au monde par le Soleil : comme il
25 éschauffë-par le feu : et neantmoins ne le pain, ne le Soleil, ne ;
le feu ne font rien, sinon entant que soubz telz moyens il
nous eslargist ses benedictions : ainsi pareillement il repaist
et nourrist spirituellement la Foy par les Sacremens : lesquelz
n'ont autre office que de nous représenter les promesses de Dieu
30 devant noz yeux.:Et comme nous ne devons mettre aucune fiance :
aux autres creatures, lesquelles par la bonne volunté de Dieu
sont destinées à noz usages, et par le service desquelles il nous
ëlargist les dons de sa bonté, et ne les devons avoir en admiration
ne glorifier, comme causes de nostre bien : ainsi nostre confiance
3D ne se doibt arrester aux Sacremens, et la gloire de Dieu ne leur -
doibt point estre transférée: mais en délaissant et nous destournant
de toutes choses, et nostre Foy et nostre confession doivent s'eslever
et s'adresser a celuy qui est autheur et des Sacremens et de tous
autres biens. Et ce que finalement du nom mesmés de Sacrée