RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

762 CHAPITRK XVI.
ment de Dieu, les afflictions des bons. Pourtant il est facile de
conclure, que en ceste partie ilz ne sont subjectz à la Loy commune
: par laquelle, combien que le Seigneur lye les mains de
tousles hommes : toutesfois il ne lye pas sa justice, laquelle il
s exerce par les mains des Mngistratz. Tout ainsi que quand un
Prince deffend à tous ses subjectz de porter baston ou blesser aucun
: il n'empesche pas neantmoins ses officiers d'exécuter la justice,
laquelle il leur a spécialement commise. Je vouldrois que
nous eussions tousjours ceste consideration devant les yeux, que
îoencelailne se faictrien par la témérité des hommes : mais-de
l'auctorité de Dieu, qui le commande ainsi faire : en la conduicte de
laquelle, on ne decline jamais de la droicte voye. Car en considérant
cela, nous ne trouverrons rien à reprendre en la vengeance
publique : sinon que veuillons empescher la justice de Dieu-, de
is punir les maléfices. Or s'il ne nous est licite de luy imposer loy :
pourquoy calumnions-nous les ministres d'icelle ? Hz ne portent
point le glaive sans cause dit Sainct Paul, car ilz sont ministres de Rom. 13.
Dieu, pour servir à son ire, et prendre vengeance de ceux qui font'
mal. Parquoy si les Princes et autres supérieurs congnoissent
20 qu'il n'y a rien plus aggreable à Dieu que leur obéissance : s'ilz Actes 7.
veulent plaire à Dieu en pieté, justice et intégrité : qu'ilz se employent
à la correction et punition des pervers. Certainement
Moyse estoit esmeu de ceste affection : quand se voyant estre Exod. 2.
ordonné, par la vertu du Seigneur, à faire la délivrance de son Exod. 2.
25peuple, il mist à.mort l'Egiptien. De rechef, quand il punist l'ydolatrie
du peuple, par la mort de trois mil' hommes. David aussi 3,Roys 2.
estoit mené de tel zèle, quand sur la fin de ses jours, il commanda
à son filz Salomon de tuer Joab et Semey. Comment l'Esprit
de Moyse doulx et benig se vient-il à emflamber d'une telle
3ocruaulté ; que ayant les mains sanglantes du sang de ses frères,
il ne face fin de tuer jusques à en avoir occis trois mil ? Comment,
David homme de si grande mansuétude en sa vie, faitil
entre ses derniers souspirs un testament si inhumain ; en
ordonnant que son filz ne conduise point jusques au sepul-
35 ehre la viellesse de Joab et Semey en paix ? Mais certes l'un
et l'autre, en executant la vengeance à eux commise de Dieu,
ont par icélle cruaulté (si ainsi elle dpibt estre nommée) sanctifié
leurs mains, lesquelles ilz eussent souillé[e]s en pardonnant. Prov. 16.
C'est abomination devant les Roys (dit Salomon) de faire ini-