RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

464 CHAPITRE VII.
avoit esté au paravant suyvant ceste sentence de Christ, où il
dit que la Loy et les Prophètes ont esté jusques à Jehan Baptiste,
et que -de là le Royaume de Dieu a commencé à estre presche.
Luy s'est contenté de distinguer entre l'infirmité de la Loy et la
s fermeté de l'Evangile. Il nous fault aussi noter cela des anciens
Peres, qu'ilz ont tellement vescu soubz l'ancien Testament, qu'ilz
ne s'y sont pas arrestez : mais ont tousjours aspiré au nouveau.
Et mesmes y ont participé en vraye affection de cœur. Car tous
ceux qui se contentans des umbres extérieures, n'ont point eslevé
10 leur entendement à Christ, sont condemnez d'aveuglement et de
malediction par l'Apostre. Et de faict quel aveuglement plus
grand pourroit-on imaginer : que d'espérer expiation de ses péchez
de la mort d'une beste brute : ou cercher la purgation de son ame
en l'aspersion corporelle d'eauë ? que de vouloir appaiser Dieu
is en ceremonies qui sont de nulle importance, comme s'il s'y delectoit
beaucoup ? Encores que nous nous taisions de beaucoup
d'autres choses semblables. Or tous ceux qui sans regarder Christ,
s'amusent en observations extérieures de la Loy, tombent en
telle absurdité.
20 La cinquiesme difference que nous avons dicte pouvoir estre adjoustée,
gist en ce, que jusques à Tadvenement de Christ Dieu
avoit segregé un peuple, auquel il avoit commis l'alliance de sa
grace. Quand le Dieu tout puissant distribuoit les peuples, dit Deu. 32,
Moyse, quand il divisoit les enfans d'Adam : son peuple luy est es-
25 cheut en partage : Jacob a esté son heritage. En un autre lieu, il
parle ainsi au peuple. Voicy, le ciel, et la terre, et toutes choses, qui
y sont contenues appartiennent à ton Dieu. Et neantmpins il s'est Deu. il
conjoinct avec tes Peres : et les a aymez, pour eslire leur semence
après eux d'entre tous les autres peuples. Nostre Seigneur donc a
30 faict cest honneurà ce peuple là seul, de se donner à congnoistre à
luy comme s['il] luy eust plus appartenu que les autres. Illuy a commis
son alliance : il a manifesté la presence de sa divinité au meilieu
de luy, et l'a exalté en tous autres privileges. Mais laissons là les
autres benefices qu'il luy a faictz : contentons-nous de celuy dont
35 il est question. C'est qu'en luy communiquant sa parolle, il s'est
conjoinct à luy, pour estre appelle et estimé son Dieu. Cependant
il laissoit cheminer toutes les autres nations en vanité et erreur,
comme si elles n'avoient nulle accointance avec luy : Et ne
leur donnoit point le remède, par lequel il leur pouvoit subvenir :