RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE LA PREDESTINATION. 501
requerront en vraye penitence. Car si quelqu'un s'opiniastre sur
ce mot où il est diet, qu'il veut faire mercy à tous, je repliqueray
aucontraire, qu'il est diet autre part, que nostre Dieu est au
ciel, dont il fait tout ce que bon luy semble. Il fauldra donc tel-
'5 lement exposer ce mot qu'il convienne avec l'autre sentence.
C'est qu'il fera mercy à qui il fera mercy : et qu'il aura pitié
de celuy de qui il aura pitié. Puis qu'il choisist ceux à qui.il
doibt faire miséricorde, il ne l'a fait pas à tous. Mais quelqu'un
me dira : si ainsi est, il y aura peu de certitude aux promesses
10 evangeliques : lesquelles en testifiant de la volunté de Dieu,
declairent qu'elle veut ce qui répugne à ce qu'il a déterminé en
secret. Je respondz que non. Car combien que les promesses de
salut soient universelles : toutesfois elles ne contrarient nullement
à la Predestination des reprouvez : moyennant que nous regar-
15 dions l'accomplissement d'icelles. Nous scavons que les promesses
de Dieu nous sont lors vaillables, quand nous les recevons par
Foy. Aucontraire quand la Foy est anneantie, qu'elles sont abolies.
Si la nature des promesses est telle : regardons maintenant si
elles contreviennent à la Predestination de Dieu. C'est qu'il est
20 diet que Dieu a. déterminé dez le commencement lesquelz il vouloit
prendre en grace, et lesquelz il vouloit rejetter : et neantmoins
qu'il promet indiferemment salut à tous. Je dy que cela convient
tresbien. Car le Seigneur en promettant ainsi, ne signifie autre
chose, sinon que sa miséricorde est exposée à tous ceux qui la
25 cercheront. Or nul ne la cerche, sinon ceux qu'il a illuminez.
Finalement il illumine ceux qu'il a prédestinez en salut. Or ceux
là expérimentent la vérité des promesses seure et certaine : tellement
qu'on ne peut dire qu'il y eust quelque contrariété entre
l'eslection éternelle de Dieu, et ce qu'il offre le tesmoignage de
30 sa grace à ses fidèles. Mais porquo'y nomme-il tous hommes ?
C'est à fin que les bonnes consciences reposent plus seurement ;
voyant qu'il n'y a nulle difference entre les pécheurs, moyennant
qu'on ayt Foy. Et d'autre part que les iniques n'allèguent point,
qu'ilz n'ont nul refuge pour se retirer de leur misère : veuqu'ilzle
35 rejettent par leur ingratitude. Comme ainsi soit donc, que la miséricorde
de Dieu soit présentée aux uns et aux autres par l'Evangile
: il n'y a que la Foy, c'est à dire, l'illumination de Dieu,
qui discerne entre les infidèles et incrédules : à ce que les premiers
sentent l'efficace de l'Evangile ; les secondz n'en receoivent nul-