RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE OKAISON. 545
tes noz oraisons soyent de nous présentées et adressées à Dieu
au Nom de Jesus Christ : ainsi comme nulles ne luj peuvent estre
acceptables par autre nom. Car en ce que nous appelions Dieu
nostre Père : nous nous addressons à luy au Nom de Jesus Christ.
s D'autant que nous ne povons nommer Dieu nostre Père, et seroit
arrogance et témérité d'usurper le nom de ses enfans : si nous
n'estions faictz enfans de sa grace en Jesus Christ. Lequel estant
son vray, naturel et propre Filz, nous est donné de luy pour
frère, à fin que ce que de nature il ha propre, soit faict nostre
lo par don et adoption : si en certaine Foy nous acceptons celle
grande beneficence. Comme dit Sainct Jehan, que Dieu le Père Jean 1.
à tous ceux quicroyent en son Filz unique, a donné ceste grande
excellence et privilege d'estre faictz enfans de Dieu. Donc il
s'appelle nostre Père, et veult estre de nous ainsi appelle : nous .
i5delivrans de toute deffiance, par la grande doulceur qui est comprinSe
en ce Nom. Car il ne se peut trouver nulle telle affection
d'amour, que d'amour paternelle. Pourtant il ne nous povoit
testifier par argumens plus certains sa charité infinie envers
nous, que en ce qu'il a voulu que nous soyons renommez pour
2o [s]es enfans. Et encores est son amour plus grand envers nous,
que toute celle des pères terriens envers leurs enfans : d'autant
qu'il est par dessus tous les hommes parfaict en toute bonté et
miséricorde. Tellement que s'il se povoit faire, que tous tant
qu'il y a de pères en terre vinssent à perdre toute amour et affec-
25 tion paternelle, et à délaisser et abandonner leurs enfans : toutesfois
si ne nous pourra-il luy, jamais faillir, entant qu'il ne se
peut nyer soy mesme. Car nous avons sa promesse, laquelle il 2. Tim.2.
nous a donnée par son Filz nostre Rédempteur, disant : Si vous, Matt. 7.
qui estes mauvais, avez accoustumé de bien faire à voz enfans :
so combien plus vostre Père celeste ; qui est tout bon? Item, par le
Prophète, La mere pourroit-elle oublier ses enfans ? Et encores lésa. 49.
jasoit qu'elle les oubliast : si ne vous oubliray-je jamais. Et si
nous sommes ses enfans : comme un enfant ne se peut retirer en
la sauvegarde d'un estranger, sinon en demonstrant ou la rudesse
35 et inhumanité, ou la povreté et foiblesse de son père : aussi nous
ne povons cercher secours d'aillieurs, que de nostre Père celeste :
sans le deshonorer, ou comme povre et impuissant, ou comme
rude et cruel.
Et ne devons alléguer que noz péchez nous doivent
Institution. 35