RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE ORAISON. 547
tous en commun l'appellions nostre Père : en cela nous sommés
admonestez, combien doibt estre fraternelle l'affection des uns
envers les autres, qui sommes tous enfans communs d'un père.
Car puis que nostre Père est commun à nous tous, duquel vient
s tout le bien que nous povons avoir : nous ne devons rien avoir
tellement séparé et divisé entre nous, que ne soions prestz de
bon courage et en toute libéralité de cœur de le communiquer mutuellement
les uns aux autres, : d'autant que mestier en est. Or
si nous sommes prestz, ainsi que nous devons estre, de nous
10 subvenir et ayder les uns aux autres : il n'y a rien en quoy nous
puissions plus proffiter à noz frères que si nous les recommandons
à ce tresbon Père : lequel quand il nous est propice, rien ne
nous deffault. Et certes nous devons aussi cela à cestuy nostre
Père. Car comme celuy qui vrayement et de bon cœur aymé et
is desire le bien et honneur d'un père de famille, pareillement il
âyme et procure le bien de toute sa maison : en ceste manière
si nous avons bonne affection à ce Père celeste : c'est bien raison
que la monstrions envers son peuple, sa maison et son heritage,
qu'il a tant honoré, qu'il l'appelle la plenitude de son Filz Ephe. i.
2o unique.
Donc il fault l'oraison du chrestien estre ainsi reiglée et
compassée : qu'elle soit commune, et comprenne tous ceux qui
luy sont frères en Jesus Christ. Et non seulement ceux qu'il
voit et congnoist aujourd'huy estre telz : mais tous les
25 hommes qui vivent sur terre : desquelz nous ne scavons point
ce que nostre Seigneur a déterminé de faire : mais seulement
leur devons désirer tout bien, et en espérer pour le mieulx.
Combien que nous devons avoir en singulière recommendation
et affection sur tous autres les domestiques de la Foy :
30 lesquelz en toutes choses Sainct Paul spécialement nous Gai. 6.
recommande. Et ce sont ceux que congnoissons, d'autant
qu'en povons juger, estre présentement des vrays fidèles
et serviteurs de Dieu. En somme, toutes noz oraisons
doivent estre tellement communes : qu'elles regardent tous-
35jours la communité que nostre Seigneur a mise en son
Regne et en sa maison. Et toutesfois cela n'empésche,
que ne puissions particulièrement prier et pour nous et pour
autres : mais que nostre affection ne s'escarte et destourne
de la consideration du proffit et conservation de ceste cömmu-