RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE ORAISON. 841
Pareillement de ce, il est tresmanifeste, que le parler et le chan-
. ter, si l'on en use en oraison, ne sont rien estimez devant Dieu,
et ne proffittent de rien envers luy : s'ilz ne viennent de l'affection
et du profond du cœur. Mais plustost aucontraire, ilz l'ir-
5 ritent et provocguent son ire contre nous : s'ilz ne -procèdent et
ne sortent seulement que de la bouche : pour ce que c'est abuser
de son très sacré Nom, et avoir en moquerie sa Majesté, comme
il le declaire par son Prophète. Ce peuple (dit il) approche
de moy par sa bouche, et en ses lèvres me glorifie : mais leur
10 cœur est loing de moy. Hz m'ont craint par le mandement et les
doctrines des hommes. Pourtant je feray à ce peuple une grand'
merveille : et un miracle grand et espoventable. Car la sapience lésa. 29.
de tous leurs Sages périra : et l'entendement de leur prudens et Matt, i 5.
Anciens sera anneanty. Nous ne disons pas tou[tes]fois que la pais
rolle ou le chant ne soyent bons : ains le prisons tresbien, moyennant
qu'ilz suyvent l'affection du cœur, et servent à icelle. Car
en ce faisant ilz aydent l'intention de l'homme, fragile et facile
à divertir, si elle n'est en toutes sortes confermée : et la retiennent
en la cogitation de Dieu. D'avantage d'autant que touz noz
20 membres, chascun en son endroit, doivent glorifier Dieu : il est
bon que mesmement la langue, qui est spécialement crée de Dieu
pour annoncer et magnifier son Nom, soit employée à ce faire,
soit en parlant ou en chantant, Et principalement elle est requise
aux oraisons, qui se font publiquement aux assemblées des Chres-
25 tiens : ausquelles il nous fault monstrer que comme nous honorons
Dieu d'un mesme esprit et d'une mesme Foy : aussi nous le
louons d'une commune et mesme parolle : et quasi d'une mesme
bouche. Et ce devant les hommes : à fin qu'un chascun oye manifestement
la confession de la Foy, qu'ha son frère : et soit edi-
30 fié et incité à l'immitation d'icelle. Dont aussi il appert, que
oraisons publiques ne se doivent faire ne en langage Grec entre
les Latins : ne en latin entre Francoys ou Anglois, (comme la
coustume a esté par tout cy devant), mais en langaige commun du
pays : qui se puisse entendre de toute l'assemblée. Puis qu'elle
3D doibt estre faicte à l'édification de toute l'Eglise : à laquelle ne revient
aucun fruict d'un bruit non entendu. Encores ceux qui n'avoient
aucun esgard ny à charité, ny à humanité se dévoient pour
le moins esmouvoir un petit de l'auctorité de Sainct Paul : du- i.CorJi.
quel les parolles sont assez evidentes. Si tu rendz graces de son