RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

684 CHAPITHE XIII.
l'Eglise Chrestienne, combien que ce feust une ordonnance de Dieu,
et qu'il y eust promesse adjoincte : veu qu'elle ne nous a point
esté commandée : et que la promesse qui y estoit ne nous a pas
esté donnée. Que la promesse, laquelle ilz prétendent en leur
3 Unction, ne nous concerne en rien : nous l'avons paravant clairement
enseigné, et eux ilz le donnent à congnoistre par experience.
La cérémonie ne se devoit prétendre sinon de ceux qui
avoient la grace de donner garison : non pas de ces bourreaux,
qui sont plus puissans à tuer et meurtrir, que à guérir.
10 Combien que encores quand ilz auroient obtenu, que ce qui
est diet en S. Jaques de l'Unction convint à nostre temps (dequoy
ilz sont bien loing) si n'auront-ilz pas beaucoup faict, pour approuver
leur Unction, de laquelle ils nous ont barbouillez jusques ici.
S. Jacques veult que tous malades soient oings. Ceux-cy souillent
is de leur gresse, non pas les malades : mais des corps à demy mors :
quand Tame est desjà preste à sortir : ou (comme ilz parlent) en
extrémité : s'il ont une présente medicine en leur Sacrement,
pour adoulcir la rigueur de la maladie : ou bien, pour apporter
quelque soulagement à l'ame : ilz sont fort cruelz de n'y remédier
20 jamais en temps. S. Jaques entend que le malade soit oingt
par les Anciens de l'Eglise. Ceux-cy n'y admettent point autre
Enhuyleur qu'un Prestre. Car ce qu'en S. Jaques par les Anciens
ilz exposent les Prestres, et disent que le nombre plurier a esté
mis pour plus grande honesteté : cela est trop frivol; comme si
25 de ce temps là les Eglises eussent eu telle abondance de Prestres,
qu'ilz eussent peu porter et conduire leur boite d'huyle avec longues
processions. Quand S. Jaques commande simplement d'oindre
lès malades, je n'entendz pas autre unction que d'huyle commune.
Il n'y a mention d'autre huyle faicte^au récit de Sainct Marc.
so Ceux-cy ne tiennent compte d'huyle, si elle n'est consacrée par
l'Evesque : c'est à dire fort eschaufée de son aleine, charmée en
murmurant, et neuf fois saluée à genoux, en disant trois fois : Je
te salue Sainct Huyle ; et trois fois, Je te salue Sainct Chresme ; et
trois fois, Je te salue Sainct Baulme (telle est leur solemnité). De
35 qui ont-ilz prins telles conjurations? S. Jaques dit, que quand le
malade aura esté oingt d'huyle, et qu'on aura prié sur luy, s'il est
en péchez ilzluy seront pardonnez : n'entendant pas, que les péchez
soient effacez par gresse : mais que les oraisons des fidèles, par
lesquelles le frère affligé aura esté recommandé à Dieu, ne seront