RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

662 CHAPITRE XII.
avons à conclure, que cest opprobre et blaspheme intolerable
contre Jesus Christ, et son sacrifice, qu'il a faict pour nous par
sa mort en la croix : si aucun réitère quelque oblation, pensant en
acquérir remission de péchez, reconcilier Dieu, et obtenir jusstice.
Toutesfois qu'est-il faict autre chose en la Messe sinon que
nous soyons par le mérite d'une nouvelle oblation faictz participans
de la Passion de Jesus Christ? Et à fin de ne mettre nulle
fin à leur rage : ilz ont pensé que ce seroit peu s'ilz disoient que
leur Sacrifice estoit esgalement en commun pour toute l'Eglise :
10 sinon qu'ilz adjoustassent estre en leur puissance de l'appliquer
peculierement à l'un ou à l'autre, comme ilz vouldroient : ou
plustost à quiconques vouldroit en bien payant, achepter leur
marchandise. Et pourtant qu'ilz ne povoient la mettre à si hault
pris que la taxe de Judas : toutesfois à fin que en quelque marque
is ilz représentassent l'exemple de leur autheur, ilz ont retenu et
gardé la similitude du nombre. Lu}' il vendist Jesus Christ trente
pieces d'argent. Ceux-cy, d'autant que en eux est, le vendent
trente deniers de cuyvre. Mais luy il le vendist une fois seulement.
Ceux-cy toutesfois et quantes qu'ilz rencontrent acheteur. Malt. 26.
20 En ce sens aussi nous les nyons Prestres : c'est à scavoir que par
telle oblation ilz intercèdent envers Dieu pour le peuple, qu'ilz
reconcilient Dieu avec les hommes, qu'ilz parfaissent l'expiation
et purgation des péchez. Car Jesus Christ est seul Prestre et Pontife
du nouveau Testament : sur lequel sont transférées toutes
as Prestrises, et auquel elles sont closes et finies. Et si l'Escriture
n'avoit point faict de mention de l'éternelle Prestrise de Jesus
Christ : pource toutesfois que Dieu, ayant abofy les anciennes
Prestrises, n'en a point institué d'autre nouvelle : l'argument
de l'Apostre demeure invincible : Que nul ne se usurpe l'hon- HebrL S.
3oneur de Prestre, sinon qu'il soit appelle de Dieu. En quelle
fiance donc ces sacrileges icy; qui se vantent d'estre murtriers
de Jesus Christ ; se osent-ilz appeler Prestres du Dieu vivant ?
Nous ne prenons pas ces motz, Prestre et Prestrise, en la signification
du mot Grec, dont ilz sont venuz : lequel signifie ancien.
35 Car selon icelle les vrays ministres ecclésiastiques pourraient
bien estre appelez Prestres et leur office Prestrise. Mais nous i.Pier. S.
le prenons ainsi que faict le commun usage, tellement que Prestre
soit à dire autant que Sacrificateur, ordonné à faire à Dieu
tel Sacrifice, qu'avons diet. Et que Prestrise soit pour signifier