RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE LA PUISSANCE ECCLESIASTIQUE. 741
successeurs les ensuivre toutes les fois que mestier est. Je vouldroie
qu'ilz les ensuivissent tant en cecy que en autres choses.
Car je nye que les Apostres en cela ayent institué ou ordonné
rien de nouveau : comme il n'est facil' de prouver. Car puis qu'en
5 ce lieu là mesmes, Sain et Pierre afferme que c'est tenter Dieu
d'imposer quelque charge sur les Disciples : 11 renverseroit après
sa sentence, s'il souffroit que quelque charge leur feust imposée.
Or ceseroit certainement une charge, si les Apostres decernoient
par leur auctorité., qu'il feust deffendu aux Gentilz de ne meniu
ger des sacrifices des ydoles, ne de la chair de beste suffoquée,
ne du sang. Neantmoins il demeure tousjours un scrupule :
c'est qu'il semble advis qu'ilz l'ayent deffendu. Mais la solution
est facile, si quelqu'un regarde de près au sens de leur ordonnance.
De laquelle le premier et principal poinct est, qu'il fault
is laisser aux Gentilz leur liberté, sans leur faire fasclierie, ne les
inquiescer des observations delà Loy. Jusques icy elle nous favorise
directement. L'exception qui s'ensuyt après, touchant les
sacrifices, la chair estouffée, et le sang, n'est pas une nouvelle Loy,
faicte par les Apostres : mais est l'éternel commandement de
20 Dieu, de garder charité^ Et ne diminue en rien la liberté des Gentilz
: mais seulement les advertist,comment ilz se doivent accommoder
à leurs frères, pour ne les scandalizer en l'usage de leur
liberté. Notons donc, que cestuy est le second poinct : c'est à
scavoirque la liberté des Gentilz ne soit nuysante n'en scandale à
25 leurs frères. Si quelqu'un persiste encores disant, qu'ilz ordonnent
quelque certaine chose : je respondz, que seulement ilz
monstrent, selon qu'il estoit expedient pour le temps, en quelles
choses les Gentilz povoient scandalizer leurs frères : à fin qu'ilz
s'en gardent. Toutesfois ilz n'adjoustent du leur rien de nouveau
30 à la Loy de Dieu éternelle, laquelle deffend le scandale. Or le
temps est aujourd'huy tel comme si es païs où les Eglises Jie sont
pas encores bien ordonnées, les bons Pasteurs denonceoient à
ceux qui sont desjà bien instruietz : qu'ilz n'ayent à menger chair
auvendredy, ou labourer en jour de feste publiquement, jusques
35 à tant que les debiles en la Foy par plus certaine doctrine devienent
plus fermes. Car combien que ces choses (la superstition
ostée) soient de soy indifferentes, toutesfois quand elles se
comettent avec scandale des frères infirmes, elles ne sont sans
péché. Et le temps est aujourd'huy tel, que les fidèles ne seau-