RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE LA PUISSANCE ECCLESIASTIQUE. 747
complaire par observations forgées au plaisir des hommes.
Comme il a esté faict long temps par cy devant, et de nostre
memoire mesmes : et se faict encores aujourd'hui au païs où la
creature est en plus grande auctorité que le Créateur. Lesquelz
5 païs ont une religion (si digne elle est d'estre appellee religion)
brouillée de plus de superstitions et plus folles, que ydolatrie
Payenne qui feut one. Car que scauroit le sens de l'homme produire
sinon choses charnelles et folles ; et qui vrayement monstrent
de quel acteur elles sont venues?
10 D'avantage il y a encores pis, c'est que depuis qu'on a une
fois commencé de constituer la Religion en ces vaines traditions
: il s'ensuit incontinent après ceste perversité, une autre
malediction execrable, laquelle reprochoit Christ aux Pharisiens.
C'est à scavoir, que le commandement de Dieu est mes-
15 prisé et adneanty, pour garder les préceptes des hommes. Je ne
combattray point de mes parolles contre noz Législateurs qui
sont à present : Je leur donne la victoire s'ilz se peuvent excuser
que ceste accusation de Christ ne s'addresse point à eux. Mais
comment s'en excuseroient-ilz ? veu que c'est cent fois plus hor-
20 rible péché en eux de ne s'estre confessez une fois l'an en l'aureille
d'un Prestre ; que d'avoir mené sa meschante vie tout au
long de l'année? Avoir touché de la chair au bout de la langue au
vendredy, que d'avoir souillé tous ses membres chascun jour par
paillardise ? Avoir mis la main en un honneste ouvrage à un
25 jour de feste ; que d'avoir tout au long de la sepmaine employé
tout son corps à meschans actes ? Un Prestre estre conjoinct en
mariage legitime; que d'estre entaché de milles adultères ? Dene
s'estre point acquité d'un vœu de pèlerinage ; que de rompre sa
Foy en toutes promesses ? N'avoir point employé son argent
30 au desordonnées pompes de leurs Eglises ; que d'avoir délaissé
un povre en une extreme nécessité ? Avoir passé par devant
Une ydole sans oster son bonnet ; que d'avoir contemné tous les
hommes du monde ? N'avoir point barboté à certaines heures
longues parolles sans sens ; que de n'avoir jamais prié en vraye
35 affection ? Qu'est-ce anneantir le commandement de Dieu
pour ses traditions ; si cela ne l'est ? C'est à scavoir, quand
froidement et comment par acquit, recommandent l'observance
des commandemens de Dieu, ilz requièrent une entière obéissance
des leurs : avec un aussi grand soing, comme si toute la