RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

492 CHAPITRE VIII.
nous recevoir. Il n'y a point de doubte, qu'il nous tiendra en son
trouppeau, et nous gardera en son bercail. Mais quelqu'un dira,
qu'il nous fault soucyer de ce qui nous peut advenir : et quand
nous pensons au temps futur, que nostre imbecilité nous admo-
5 neste d'estre en sollicitude. Car comme Sainct Paul dit, que Dieu
appelle ceux qu'il a esleuz : aussi le Seigneur Jesus dit, qu'il y en Mat. 22.
a plusieurs d'appeliez, et peu d'esleuz. Sainct Paul aussi bien nous
desenhorte en un autre lieu d'estre en sécurité. Que celuy^ dit-il
qui est debout, se garde de tomber. Item, Es-tu incorporé en Rom. U,
io l'Eglise de Dieu? Ne t'enorgueillis point : mais crains, car le Seigneur
t'en peut retrencher, pour en mettre un autre en ton lieu.
Finalement l'expérience nous monstre, que la Foy et la vocation
n'est gueres, sinon que la perseverance soitconjoincte : laquelle
n'est pas donnée à tous. Je respondz que Christ nous a délivrez de
îsceste perplexité. Car il n'y a doubte, que ces promesses n'appartiennent
au temps futur. Tout ce que le Père me donne, vient à moy :
et ce qui sera venu à moy, je ne le jetteray point dehors. Item, Jean 6.«
Ceste est la volunté de mon Père, que je ne perde rien de ce qu'il *"•
m'a donné : mais que je ressuscite tout au dernier jour. Item, Mes
so oüaüles escoutent ma voix, et me suyvent. Je les congnois, et
leur donne la vie éternelle : et nul ne les ravira de ma main. Mon
Père, qui me les a données, est plus fort que tous : parquoy nul
ne les pourra ravir de sa main. Qu'est-ce que nous a icy voulu
apprendre Christ ; sinon de nous acertener que nous aurons
25 salut éternel ; puis que nous avons une fois esté faictz siens ? On
répliquera, qu'il advient de jour en jour, que ceux qui sembloient
advis estre à Christ, deffaillent et tresbuchent. Mesmes
au lieu où il dit que nul de ceux qui luv avoient esté donnez du
Père n'est pery, il excepte le filz de perdition. Cela est bien
30 vray : mais il est certain d'autrepart, que telle manière de gens
n'ont jamais adhéré à Christ, d'une telle fiance de cœur : par
laquelle nous disons que nostre eslection nous est certifiée.
Item, sont sortiz de nous, dit Sainct Jean : mais ilz n'estoient
point des nostres. Car s'ilz en eussent esté, ilz fussent demeu-
35 rez avec nous. Je ne nye pas, qu'ilz n'aient des signes semblables
avec les esleuz : niais je ne leur concede pas ce fondement
certain de leur eslection, que les fidèles doibvent prendre,
selon mon dire, de la parolle de l'Evangile. Pourtant que ces
exemples ne nous troublent point, que nous ne nous tenions, seu-