RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE ORAISON. 531
nous subvenions en l'Eglise par prières l'un à l'autre : aussi il
fault que cela demeure résolu, que toutes les intercessions de
l'Eglise se doivent diriger et rapporter à icelle seule. Ce n'est
donc que pur mensonge que babillent les Sophistes de mainte-
5 nant : que Christ est Mediateur de la redemption : les fidèles de
l'intercession. Comme si Christ, s'estant aquitté d'une mediation
temporelle, avoir remis l'office éternel et à jamais perdurable
sur ses serviteurs. C'est un bel honneur qu'ilz luy font de luy
départir une si petite portion de l'honneur qui luy est deu. Mais
îol'Escriture y va bien autrement : à la simplicité de laquelle se
doibt arester le fidèle, en laissant là ces trompeurs. Car quand S.
Jean dit, que si quelqu'un a péché, nous avons un Advocat envers 1. Jean 2.
le Père : à scavoir Jesus Christ. Il n'entend pas qu'il nous ayt
esté jadis Advocat : mais il luy assigne office d'Intercesseur peris
petuel. Et mesmes S. Paul afferme, qu'estant assis à la dextre du
Père, il intercede encores pour nous. Et quand en un autre Rom. S.
passage il le nomme Mediateur unique de Dieu et des hommes : ne
regarde-il point aux prières ; dont il avoit faict mention auparavant?
Car ayant predict qu'il fault supplier Dieu pour tous hom- l.Thim.2.
2o mes : pour confermer ceste sentence, il dit consequemment, qu'il
y a un Dieu, et un Mediateur pour donner approche à tous hommes
envers luy. Il est bien vray, que nous n'imaginons pas, qu'estant
à genoux, il face humble supplication : mais nous entendons,
avec l'Apostre, qu'il comparoist tellement devant la face de Dieu,
23 que la vertu de sa mort est vaillable à intercession perpétuelle. Et
avec ce, que luy estant entré au Sanctuaire du ciel, peut seul presenter
les prières du peuple : lequel n'ha point prochain accès avec Dieu.
Quant est des Sainctz, qui estans décédez de ce monde vivent
avec Christ, si nous leur attribuons quelque oraison : né songeons '
30 point qu'ilz ayent autre voye de prier, que Christ : qui est seul
la voye : ou que leurs requestes soient acceptées de Dieu en
autre Nom. Puis donc que l'Escriture, nous retirant de tous autres,
nous rappelle à un seul Christ : puis que le Père celeste veult que
toutes choses soient recueillies en luy : ce a esté une tresgrande
ssbestise, voire mesme rage, de prétendre tellement avoir accès
par eux : que nous soyons distraictz de luy. Or que cela ayt esté
faict par cy devant, et qu'il se face encores aujourd'huy où la
papauté ha lieu : qui est-ce qui le nyera ? Pour avoir Dieu propice,
on allègue les mérites des Sainctz, on invoque Dieu en leur