RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

704 CHAPITRE XIII.
Je suis la Vigne : vous estes les sepz : mon Père en est le La-Jean tO.
boureur. Quand un bergier se présente devant nous : qu'il est
bon de nous souvenir de la parolle de Christ, quand il dit. Je
suis le bon Berger, mes brebis escoutent ma parolle. Mais si quel-
5 qu'un venoit à faire des Sacremens de telles similitudes : il le
fauldroit envoyer au médecin.
Toutesfois ilz allèguent les parolles de Sainct Paul, ausquelles Ephe, S.
ilz disent que le-nom de Sacrement est attribué à Mariage, les
parolles sont. Qui ayme sa femme, il s'ayme soymesme. Nul
îo jamais n'a eu sa chair en hayne : mais il la nourrist et entretient,'
comme Christ l'Eglise. Car nous sommes membres de son corps,
de sa chair, et de [s]es os : pour ceste cause l'homme laissera son
père et sa mere, et sera conjoiiict avec sa femme : et seront deux
en une chair. Ce Sacrement est grand, je diz en Christ et son
is Eglise. Mais de traicter en ceste faceon les Escritures, c'est confondre
le ciel avec la terre. Sainct Paul, pour monstrer aux maris,
quelle amitié singulière ilz doivent porter à leurs femmes il leur
propose Christ pour exemple. Car comme icelluy a espandu tous
les thresors de doulceur envers l'Eglise, à laquelle il s'estoit conaojoinct:
Il fault qu'un chascun se maintienne en telle affection
avec sa femme. Il s'ensuyt après : Qui ayme sa femme s'ayme
soymesme, comme Christ a aymé l'Eglise. Or pour declairer
comment Christ a aymé l'Eglise comme soymesme, voyre plustost,
comment il s'est faict un avec l'Eglise son espouse, il tire
25 à luy ce que Moyse recite avoir esté diet par Adam. Car quand
nostre Seigneur eust amené Eve devant Adam, laquelle il sca-> Gene. 2.
voit bien avoir esté formée de sa coste, dist : Ceste-cy est os de
mes os, et chair de ma chair. Sainct Paul tesmoigne que tout ce a
esté accomply en Christ, et en nous : quand il nous appelle mem-
3obres de son corps, de sa chair, de ses os : ou plustost une chair
avec luy. A la fin il conclud par une exclamation, disant. C'est un
grand mystère. Et à fin que nul ne s'abusast à l'ambiguité, expressément
il met qu'il n'entend pas de la compagnie charnelle de
l'homme et de la femme : mais du mariage spirituel de Christ et
35 son Eglise. Et vrayement c'est un grand secret et mystère, que
Christ a souffert, que une coste luy feust ostée, dont nous feussions
formez. C'est à dire, que comme ainsi feust, qu'il feust
fort, il a voulu estre foible: à fin que de sa vertu, feussions corroborez
: tellement que nous ne vivions pas seulement : mais qu'il