RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

632 CHAPITRE; XII.
te hors des limites, cerchant evasions : mais ceste figure est principalement
usitée en matière de Sacremens. Car on ne pourroit
autrement prendre ce que la Circoncision est nommée alliance :
et l'Agneau, passage : et les sacrifices Mosaïques, purgations
sdes péchez, et la pierre dont l'eaüe decouloit au desert est appellee
Christ : sinon que nous le prenions par manière de translation.
Telle est la similitude et le voisinage entre le signe et la
chose signée, que la deduction est aysée de l'un à l'autre. Et
comme ainsi soit que les Sacremens ayent grande similitude
10 ensemble : principalement ilz conviennent tous quant à ceste
translation dé nom. Comme donc l'Apostre enseigne que la pierre,
dont provenoit aux Israelites le brevage spirituel, avoit esté.
Christ : entant que c'estoit un symbole, soubz lequel ce brevage i.Cor. 10,
spirituel estoit receu : non pas visiblement à l'œil, mais toutesi5
fois à la vérité. En ceste manière le pain est aujourd'huy appelle
corps de Christ ; d'autant que c'est un symbole, soubz lequel,
nostre Seigneur nous offre la vraye manducation dé son corps.
Si quelque fâcheux et importun s'arrestè obstinément à ce mot :
Cecy est mon corps, fermant les yeux à toutes autres raisons :
so il y a mesmes en icelle parolle de Christ matière pour convaincre
une telle obstination. Car le Seigneur ne dit pas en autre
sens, le pain estre son corps, qu'il dit le vin estre son sang. Or
où S. Matthieu et Sainct Marc referent que le Seigneur a appelle
le calice son sang du nouveau Testament, Sainct Paul et Sainct
as Luc mettent le nouveau Testament en son sang. Quiconques
donc sera l'opiniastre qui vouldra icy insister : qu'il crie tant
qu'il vouldra, que le pain est corps, que le vin est sang : je maintiendray
aucontraire, que c'est le Testament au corps et au
sang. Car que dira-il ? vouldra-il estre plus certain ou fidèle
30 expositeur que S. Paul ou Sainct Luc ; qui entendent par le
sang, le nouveau Testament eônfermé au sang ?
Or maintenant il est nécessaire de declairer, que c'est
ce Testament au corps et au sang de Jesus Christ. Car quand
nous nyons le pain, lequel est mengé en la Cène, estre le corps
35 de Christ : nous n'entendons point d'amoindrir en rien qui
soit la communication du corps qui est là proposée aux fidèles •
Mais seulement voulons enseigner, qu'il fault distinguer la chose
représentée de son signe : ce que nous expérimentons estre
de plus grande consequence qu'il ne seroit à désirer : et ce à