RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

SI8 CHAPITRE VIII.
Pourquoy denonceoit-il la mort par Iesaïe à Ezeehias ? Car il les
povoit bien perdre sans leur envoyer message. Il a donc regardé "
à autre fin, que de leur vouloir faire prévoir de loing leur ruyne
venir. C'est qu'il n'a pas voulu qu'ilz périssent : mais plustost
s qu'ilz s'amendassent à fin de ne point périr. Par quoy ce que
Jonas prophetisoit, que la ville de Ninive devoit estre destruicte
après quarante jours : cela ce faisoit, à fin qu'elle ne le fust point.
Ce que l'espérance de plus longuement vivre est ostée à Ezeehias
: c'est à fin qu'il impetre plus longue vie. Qui est-ce qui
10 ne veoit maintenant, que Dieu a voulu par telles menaces esmou- ?
voir à repentance ceux qu'il menaceoit ; à fin qu'ilz évitassent le
jugement ; qu'ilz avoient mérité par leurs péchez ? Si cela est
vray : l'ordre naturel nous meine là, que nous supplions une
condition tacite : combien qu'elle ne soit point exprimée en ces
is dénonciations. Ce que nous povons mesmes confermer par
exemples semblables. Le Seigneur, reprenant le Roy Abimelec,
de ce qu'il avoit ravy la femme d'Abraham, use de ces parolles. Gen. 20.
Voicy, tu mourras, pour la femme que tu as prinse : car elle
avoit mary. Après que Abimelec s'est excusé": il luy respond'
20 ainsi. Rend donc la femme à son mary : etil pryera pour toy, à fin
que tu vives : autrement saches que tu mourras de mort, toy et
tout ce que tu possèdes. Voyons-nous pas bien comme en la premiere
sentence il use d'une plus grande vehemence, pour effrayer
son cœur ; à fin de le mieux induire à faire son devoir? Puys après
25 qu'il explique clairement son intention ? Puis que les autres passages
ont une mesme intelligence : on ne peut pas d'iceux inférer,
que Dieu ayt rien derogué à son premier conseil, en cassant ce
qu'il avoit au paravant publié. Car plustost au contraire, il fait
voye à son conseil et ordonnance éternel!* : quand il induit à
3orepentence ceux, ausquelz il veut pardonner : en leur denonceant
les peynes, qu[i] leur adviendroient, s'ilz persévéraient en leur
vices. Tant s'en fault qu'il varie de volunté : voire mesme de
parolle, sinon qu'il n'explique point syllabe à syllabe son intention,
laquelle neantmoins, est aysée à entendre. Il fault
35 donc que ceste sentence d'Iesaye demeure ferme. Le
Seigneur des armées a décrété cela : Et qui est- j
ce qui lé pourra rompre? Sa main est lésa. ÙA
eslevée : et qui est-ce qui la pourra j
• destourner ?