RELIGION CHRESTIENiNE - Archive ouverte UNIGE

DE LA CENE. 667
de Dieu, feust meslé le moins qu'il seroit possible d'invention
humaine. Car comme le vin se pert et affadist par l'eaüe : et
toute la farine se aigrist par le levain : ainsi la pureté des mystères
de Dieu n'est rien que souillée et gastée quand l'homme y
s adjouste quelque chose du sien. Et toutesfois nous voyons combien
les Sacremens, ainsi qu'on en use aujourd'huy, sont dégénérez
de leur nayve pureté. II y a partout trop plus qu'une fauldroit
de pompes, de ceremonies, de basteleries : mais cependant
on ne faict aucun compte ne mention de la parolle de Dieu :
10 sans laquelle les Sacremens mesmes ne sont pas Sacremens. Et
les ceremonies mesmes qui y ont esté instituées de Dieu ne peuvent,
en si grande multitude d'aultres, apparoistre : mais comme
opprimées, sont mises au bas. Combien peu voit-on au Baptesme
cela qui seulement y debvoit reluire et apparoistre ; c'est à seals
voir le Baptesme mesme ? La Cène a esté du tout ensevelie,
quand elle a esté transformée et convertie en Messe : sinon qu'une
seule fois l'an elle est aucunement veuë mais déchirée, decouppée,
départie, brisée, divisée et toute difformée. Aucontraire combien
estoit-ce le meilleur ; que toutesfois et quantes que aucun
2o seroit à baptiser ; il feust en la congregation des fidèles représenté?
Et toute l'Eglise ; comme tesmoing; regardante et priante
dessus luv ; qu'il feust offert à Dieu ; que la confession de la Foy
feust recitée ; en laquelle doibt estre instruict celuy qui est à
instruire en la Foy ; que les promesses qui sont au Baptesme feus-
25 sent proposées et declairéès; qu'il feust après baptisé au Nom du
Père et du Filz et du Sainct Esprit ; que finalement avec prières
et action de graces il feust renvoyé? Ainsi rien n'y seroit obmiz
de ce qui y sert : et celle unique cérémonie de laquelle Dieu est
autheur, tresclairement reluiroit, sans estre opprimée de nulles
3o estranges ordures. Au reste c'est une chose denulle importance,
si on baptise en plongeant du tout dedans l'eauë celuy qui est
baptisé, ou en respandant seulement de l'eauë sur luy : mais
selon la diversité des regions, cela doibt demeurer en la liberté
des Eglises. Car le signe est représenté et en l'un et en l'autre.
.35 Combien que le mot mesme de baptiser signifie du tout plonger
: et qu'il soit certain que la coustume de ainsi totalement
plonger ayt esté anciennement observée en l'Eglise. Quand
est de la sacrée Cène : elle povoit ainsi estre administrée bien
convenablement, si bien souvent, et pour le moins une fois
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