29.06.2013 Views

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

130<br />

nouve<strong>au</strong> système social issu de la confrontation inégale entre protecteurs et protégés, en<br />

fournit l'explication.<br />

Dans l'entité économique et politique qu'est l'Union Indochinoise, le<br />

<strong>Cambodge</strong> n'occupe qu'une place extrêmement réduite <strong>au</strong>x côtés du Tonkin – où sont<br />

concentrés les services administratifs centr<strong>au</strong>x – et de la Cochinchine – véritable centre<br />

économique de la colonie. Malgré les ponctions fiscales importantes pratiquées <strong>au</strong><br />

<strong>Cambodge</strong>, les sommes y sont peu réinvesties et l'enseignement, de même que le<br />

système de santé, bénéficient de ressources financières réduites. <strong>Les</strong> ethnotypes du<br />

Cambodgien soutiennent et justifient l'intérêt réduit que suscite le pays dans la mise en<br />

valeur coloniale : considérés comme doux et gentils mais indolents et peu fiables en<br />

comparaison de “l'élément annamite” – vu comme plus pugnace et perfide mais <strong>au</strong>ssi<br />

travailleur et discipliné, les Cambodgiens sont supplantés dans l'administration<br />

coloniale subalterne, y compris les services médic<strong>au</strong>x, par les ressortissants des pays<br />

vietnamiens.<br />

<strong>Les</strong> réponses sociales de la société cambodgienne à la situation coloniale<br />

contribuent également, mais d'une manière différente, à la désaffection pour les<br />

professions médicales. Le pouvoir monarchique traditionnel est âprement défendu<br />

comme un symbole d'unité nationale <strong>au</strong> moment où le Protectorat songe à le réduire à<br />

néant. C'est <strong>au</strong>tour de lui que continuent de se former les élites sociales colonisées. <strong>Les</strong><br />

nouvelles professions offertes par le Protectorat ne sont pas valorisées socialement. Cela<br />

est dû en partie <strong>au</strong> fait qu'elles ne trouvent pas l'occasion de se définir à partir des<br />

modèles anciens. Par ailleurs, les rapports avec les protecteurs ne sont pas favorables à<br />

la mise en forme d'une telle définition sociale de la profession car ceux-ci se situent<br />

dans la hiérarchie coloniale et, percevant mal – probablement comme une menace – les<br />

efforts de leurs subalternes pour inventer le “médecin cambodgien” ou l'“infirmier<br />

cambodgien”, ils tendent à les renvoyer à la catégorie générale et indifférenciée des<br />

indigènes. <strong>Les</strong> conduites cambodgiennes iront dans le sens de l'évitement des situations<br />

de contact. <strong>Les</strong> professions médicales, qui placent trop directement les Cambodgiens en<br />

présence des Français, seront d'<strong>au</strong>tant moins appréciées qu'elles présentent les<br />

inconvénients socio-culturels majeurs évoqués ci-dessus.<br />

Il f<strong>au</strong>t donc attendre l'indépendance pour voir réellement apparaître un<br />

corps médical dont les effectifs, en vingt ans (jusqu'à l'arrivée des Khmers Rouges <strong>au</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!