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Les Médecins au Cambodge - Odris

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est attaché par la cheville <strong>au</strong> montant de son lit car il est pris d'accès de violence. Seul le<br />

kru, qu'il craint (khlach, xø ac), peut l'approcher. Quand l'état des malades est stabilisé, il<br />

leur confie des trav<strong>au</strong>x qu'il surveille. Lorsqu'ils peuvent à nouve<strong>au</strong> travailler<br />

normalement, ils sont estimés guéris et quittent le centre de soins.<br />

Par ailleurs, M. Sophon vend ses médicaments dans le voisinage. Il les<br />

fabrique sous la forme la plus classique de la pharmacopée khmère – décoctions ou<br />

poudres, confectionnées à partir des plantes de son jardin ou d'ingrédients d'origine<br />

animale (estomac de serpent, estomac d'ours, dit-il), qu'il se procure <strong>au</strong>près<br />

d'intermédiaires. Sa prédilection actuelle pour les “remèdes anciens” (thnam boran,<br />

zñ MaburaN), ne l'empêche pas d'ajouter de l'ampicilline à certaines potions – dans le<br />

traitement de la diarrhée notamment. Il exerce à la manière d'un pharmacien. <strong>Les</strong> clients<br />

qui passent indiquent soit le remède qu'ils désirent, soit l'affection dont ils souffrent.<br />

Comme les potions se conservent mal, le kru les prépare à la demande et le client<br />

repasse peu après les prendre. Elles sont présentées en bouteilles d'un demi-litre ou d'un<br />

litre, comme toutes celles que l'on trouve à la revente sur les étals des marchés1 et se<br />

vendent de deux à trois cents riels.<br />

M. Chea Sophon représente ce que l'on pourrait nommer le versant<br />

traditionnel des kru “modernistes”. Sa formation (<strong>au</strong>près de son père et de son be<strong>au</strong>-père<br />

puis <strong>au</strong> cours de ses voyages en forêt) est classique chez les kru. Il l'a cependant<br />

complétée par de nouvelles compétences médicales (les piqûres, la manipulation de<br />

médicaments occident<strong>au</strong>x), outrepassant les répartitions socialement admises des<br />

pratiques thérapeutiques qui recouvrent des cloisonnements socio-économiques assez<br />

rigides séparant paysans et “cols blancs”. Il exerce toutefois dans un secteur en<br />

déliquescence alors que celui de M. Nonn est <strong>au</strong> contraire en pleine expansion. Par son<br />

mode de vie, par sa clientèle, il reste proche du monde paysan. Toutefois, il se livre à la<br />

vente de produits médicin<strong>au</strong>x – une activité commerciale qui le différencie des kru des<br />

campagnes. Traditionnellement paysans, ces derniers se contentent en effet de rendre<br />

1 Sur les étals des marchés, les bouteilles portent une étiquette qui donne les indications thérapeutiques et<br />

sur laquelle figure souvent un dessin en couleur représentant soit un organe, soit la plante utilisée (par<br />

exemple la canne à sucre noire, ompeuo khmao, GMeBAexµ A). La posologie est également indiquée (en<br />

général, de l'ordre d'une cueillerée deux ou trois fois par jour).

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